LAO SIU LEUNG PAK MEI KUNE

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lundi 12 septembre 2011

Maîtres, élèves et trahisons

  Qui n’a jamais vu de films de kung-fu de Hong Kong ou de série B d’un goût douteux, comptant l’histoire de l’élève très méchant qui trahi son maître par vanité ou jalousie ?

Au risque de choquer les plus loyaux d’entre vous, ces histoires ne sont pas nées des fantasmes de scénaristes.

La relation maître/élève est une relation privilégière
Dans la chine traditionnelle, la relation maître/élève est une relation puissante. Lors de l’acceptation d’un élève au rang de disciple, ce dernier donne à boire le thé au maître, remet une enveloppe rouge contenant de l’argent, et écoute les précieux conseils personnalisés de celui-ci.                                                              
La cérémonie riche de sens, à pour but symbolique de faire promettre à l’élève d’être loyal envers le maître ainsi qu’envers le style et la lignée. L’élève aspirant aura aussi pour obligation de suivre le code de conduite de l’école.
Suite à cela, il aura accès aux techniques et méthodes d'entrainement plus avancés du système.


Cet engagement ne va pas que dans un sens

L’élève s’engage envers le maître en s’occupant de lui fournir ce qu’il lui manque et le maître s’engage lui à comprendre les besoins et enseigner de la meilleure façon possible son disciple. Il s'agit d'un échange…


L’idéal et la réalité sont souvent différents
Même si les maîtres ne l’avouent pas, ils ont souvent trahi la parole donnée. Même le meilleur des élèves est susceptible de trahir. Le sujet est tabou mais il existe bel est bien et ce de tout temps.


Il est trois façons de trahir :
  • L’élève désir acquérir des connaissances que le maître n’a pas et va les chercher ailleurs.
  • L’élève modifie ce que le maître lui à transmis.
  • L'élève change de style.
     
    L’évolution
Le maître traditionnel a souvent du mal à comprendre que l’élève veuille apprendre autre chose, même si, il l’a lui-même fait. Il estime souvent qu’il est le meilleur, que sa technique n’a pas à être modifiée; et que pourrait bien vouloir un élève qu’il ne peut pas lui apporter ?


Ce mal pour le maître est en fait un mal nécessaire qui permet à l’art d’évoluer et de progresser. Chaque méthode a été modifiée, chaque maître de chaque génération y a intégré sa propre idée.
Tous les Sifus se disent traditionnalistes, la plupart ne veulent pas admettre qu’ils ont changés un certain nombre de choses, vantant les mérites de leur propre Sifu et des incroyables capacités de celui-ci… Mais dans la pratique, ceci est souvent faux… 


Il faut tout même bien comprendre que ces changements ont été opérés par des maîtres de grand niveau, qui ont pour la plupart, une grande expérience dans le domaine du combat.


Plusieurs maîtres ???
Les plus fameux maîtres de Kung-fu des temps passés ont toujours pratiqués avec un maître (dont ils parlent à longueur de temps) et dans le dos de celui-ci, ont eu d’autres professeurs qui les ont plus ou moins influencés (on parle de 9 maîtres pour Lam Sai Wing, disciple de Wong Fei Hung).


Ceci fait, la plupart du temps dans l’objectif d’addition de connaissances ; mais certaines fois afin de bénéficier de l’enseignement d’un autre maître (quelquefois de meilleur qualité) qui est inapprochable par le voie normale à cause de la tradition de l’unique maître.


En bref, si l’on se trompe de Sifu au début, il sera très difficile d’apprendre d’un autre ou d’en changer par la voie régulière (à moins d’avoir un Sifu très compréhensif).


Les exemples de manquent pas :
  • Lam Sai Wing du Hung Gar (9 maîtres)
  • Chan Heung du Choy lay Fat (3 maîtres)
  • Cheug Lai Cheun du Pak Mei (3 maîtres)
  • Ha Hon Hung du Yau Kung Moon (au moins 2)

Cette situation est pénible pour tout le monde. Le Sifu perd la face si un de ces disciples regarde un autre maître avec admiration et le disciple vivra la frustration de s’être trompé de maître ou de style.
De nos jours, ce problème n’est plus ; chacun fait ce qu’il veut : on veut changer, on change. On peut même voir certains élèves dénigrer leur professeur, ce qui était autrefois inimaginable…


Ceci est un fait avéré, si l’on décide d’enseigner, il faut obligatoirement et dès le commencement accepter l’idée qu’un jour ou l’autre, un ou plusieurs de nos élèves nous trahirons.


  Même si ceci est intolérable, la trahison est quelque chose que l’on ne peut éviter, l’histoire le confirme…

5 commentaires:

  1. En effet, la destruction de confiance est ce qu'il y a de plus douloureux à vivre, à digérer aussi...

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  2. La pire des trahison est de se mentir à soi-même !!!! ça arrive...

    Si le maître se ment et l'élève se ment aussi... Ils se sont bien trouvés, c'est tout... ça arrive... souvent...

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  3. Parfois, dans les relations thérapeutiques, on parle d'un "double meurtre" ou "double assassinat". Lorsque la relation maître-disciple s'achève, chacun des protagonistes est "libéré". Cela fait parti des processus/ mouvements d'individuation naturels ou traditionnels (quelque soient les écoles, le schémas est grossièrement le même).

    Il s'agit toujours d'un auto-engendrement mutuel qui peut s'exercer de façon pacifique comme de façon conflictuelle, quand le conflit s'avère nécessaire...

    L'affrontement contribue à la différenciation du sujet. Ce travail n'est jamais achevé et ressemble à un cheminement sans fin , sur une route non cartographiée qui se crée au fur et à mesure de la progression commune. Chemin faisant peuvent surgir ça et là des événements ou des prises de conscience venues de la "boîte à surprises" (maître Eckart "Innermensh" - ou Socrate "daimonion")?

    Un lien sacré est "souffle"- de vie, de vérité, de lumière et d'amour... d'apprentissage pour chacun - et de respect pour ce "quelque chose" de plus haut que le maître ou l'élève... ce quelque chose qui dépasse le temps et l'espace...


    Merci de votre texte.
    Avec mes respects.

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  4. Arghhh ... J'ai pas signé... désolée, je fais juste comme ça :

    la femelle anonyme. Voilà.

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  5. Quelqu'un a dit un jour que la meilleure façon de savoir si quelqu'un était loyal dans le cas des conjoints était de donner la liberté à l'un d'eux. La loyauté doit se pratiquer en toute liberté, je pense. J'ai dit une fois dans un cours : si vous n'aimez pas le cours, le style ou moi, assumez-le et cherchez ce qui est bon pour votre cœur. ne vous attardez pas sur quelque chose dont vous ne vous sentez pas comblé. Nous passons tous par des étapes de curiosité, d'immaturité, d'avidité, de personnalisation et divers autres idéaux. L'art martial fournit également la connaissance de soi (ou devrait). Et cela à son tour ne peut pas être arbitraire. ce n'est pas ritualiste. C'est personnel, intuitif, le résultat d'expériences perçues avec beaucoup de réflexion. Eduardo - SP/Brésil

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