LAO SIU LEUNG PAK MEI KUNE

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vendredi 1 décembre 2017

A la recherche de l'ancêtre sacré 2: Le temple Shaolin du sud

         
Le retour au temple du sud...

                         L’histoire des styles est souvent auréolée de mythes et de légendes. C’est également le cas pour notre bien aimé Pakmei.
J’avais ultérieurement rédigé un article sur ma visite du Emei Shan accompagné d’un groupe d’élèves à la source prétendu de notre clan lors de notre second voyage d’école.

Pour le troisième voyage d’école, je voulais poursuivre la recherche de « l’ancêtre sacré ».
Du point de vu légendaire, le maitre Pakmei fut un renégat ou un des 5 rescapés de l’incendie de Shaolin du sud, province du Fujian. Le temple de Shaolin de Quanzhou est donc sensé être le début de tout et devrait être un lieu de pèlerinage des Hung Gar, Wing Chun et évidement de tous autres styles se réclamant du Shaolin du sud. Il était donc temps ce coup ci de le visiter et trouver, s’il en est, quel type de Wushu traditionnel y est aujourd'hui pratiqué.

Nous voici donc parti pour la province du Fujian 福建. Situé à l’extreme sud est de l’empire du milieu, elle touche la mer de Chine et est un lieu de production des thés blancs et thés Oolong, dont pour la seconde catégorie, le très fameux  Tie Guan Yin.

La province est également un haut lieu du Kung fu du sud. Les styles fujianais sont très caractéristiques, le Taizu Quan « boxe de l’empereur Taizu », le Wuzu Quan « boxe des 5 ancêtres » mais surtout le fameux Bai He Quan « boxe de la grue » (origine supposé du karaté d’okinawa) portent tous un goût commun.

 C’est la première fois que j’en foule le sol, je n’avais qu’une idée abstraite de ce à quoi la province pouvait ressembler. Deux choses m’ont surprises, la première est la quantité de temples et leurs designs très spécifiques à la province du Fujian, que l’on peut également retrouver sur l’ile de Taïwan, la proximité et la fuite de population expliquant naturellement le fait. Les toits des vieilles habitations et des très nombreux temples sont concaves, très pointus et ornés de façon exquise de statuts de qilin et dragons.
La seconde surprise concerna la végétation subtropicale. Des bananiers, palmiers mais également des bambous peuvent y être admirés.

Situons le temple*
Le temple est situé au pied du mont Qingyuan Shan清源山à 3km la ville de Quanzhou 泉州市.  Quanzhou est une ville/préfecture, coincé entre mer et montagnes. La population de la préfecture compte 8 128 530 habitants. Par le passé, le port de Quanzhou fut un haut lieu de commerce et d'échanges étrangers; Marco Polo l'aurait visité en faisant l'éloge sur sa prospérité en son temps.

Avec mes élèves et mon ami Lukas devant le hall principal, emplacement originel du temple

Son nom d’origine était : Le temple Shaolin du courant Chan de Zhenguo Est.
Selon le West Mountain Magazine il fût battit sous la dynastie des Tang par le moine Zhikong du Shaolin du Henan au nord. Depuis sa création, il a subit les vicissitudes de l’histoire. Trois périodes fastes et trois destructions. La dernière fut commanditée par l’empereur Qian Long durant la 28ème année de son règne (en 1763).
Depuis cette date, le temple fut laissé à l’abandon et personne n’ait eu l’envie de le reconstruire jusqu’en 1992 (soit durant 230 ans).

Bâtisse originelle 

Aujourd’hui le temple est en construction continuel, le gouvernement rajoute des bâtiments tout autour du lieu originel. Il est bâti sur plusieurs niveaux,  sous une forme d’escalier. La partie originelle se situe au milieu.

Plan des différents édifices entourant le temple, avec au centre, la partie historique

Revenons-en au récit.
Nous arrivons par train rapide dans la ville Quanzhou. Nous passons la nuit dans une auberge de jeunesse d’une rue très animée.
Au matin, nous sautons dans un taxi direction le temple de Shaolin. 10 minutes après, nous voici arrivés. Le temple se situe à l’extrémité de la ville, au pied de la montagne  qui la surplombe et est extrêmement facile d’accès. Si vous imaginiez un temple perdu au beau milieu des montagnes, il vous faudra en visiter un autre, le mont Qingyuan n’est haut que de 498 mètres.

À notre arrivée, de jeune gens en tenues de moines trop colorés semblent ranger armes et matériels de pratique, j’en conclu que nous arrivons juste après la démonstration touristique du dimanche matin.
Après les traditionnelles photos, nous en faisons le tour. Visite rapide, il ne faut q’une grosse heure pour en voir l’essentiel. Rien de guère ancien, le monastère originel ayant été détruit et reconstruit récemment.
Une fois la visite terminée, nous pensons naturellement repartir, rien d’exceptionnel à y voir, l’intérêt étant plus porté sur la localisation que sur les bâtiments.
Une chose pourtant me contrarie,  je savais qu’en dehors du Wushu moderne commerciale, il était pratiqué au temple du Taizu Quan traditionnel. Difficile pour moi d’accepter de n’avoir pas vu ou au moins avoir pu parler avec qui que ce soit du ou des styles pratiqués ici dorénavant. 
Alors que mon petit groupe se regroupe devant l’entrée, prêt à reprendre la route du retour, je tourne pour ma part en rond, cherchant qui pourrait bien me renseigner. Nous avions précédemment tenté une approche auprès d’un groupe de jeunes qui semblaient être affiliés à une école, mais sans succès.

Au loin, j’aperçois un homme, vêtu d’une tenue traditionnel, possédant un certain charisme, le crâne rasé égrainant un chapelet. Je m’approche de lui et tente un début de conversation. L’homme est avenant, souriant, je lui explique que je suis venu voir du Gung Fu. Il me demande si je pratique, je lui réponds que oui et lui dis que c’est du Baimei Quan (Pakmei en mandarin). Il me répond que c’est un style qui provient de Shaolin. Je fus étonné de sa connaissance du nom du style, il faut dire qu’en Chine, les pratiquants ne connaissent très souvent que les styles très connus ou ceux de leur région uniquement. Bien entendu, sa réponse dénonce une connaissance de la culture martiale populaire seulement, servi dans les films des années 80 et la répétition des mythes oraux sans réel recherche de preuve historique. Quoi qu’il en soit, c’est un pratiquant et son aide va m’être des plus appréciables.

Il me dit d’attendre ici, il m’appel quelqu’un qui ne tarde pas à arriver. Je rappel mon groupe. Durant ce temps, l’enseignant me quitte et nous laisse mon groupe et moi même avec ce nouvel interlocuteur. Nous nous présentons, son nom est Xu Qia Hong.
Le jeune homme est de stature solide, dans les 25 ans et revêt une tenue de moine d’école.
Le jeune homme désire nous guider à travers le temple et ses différents niveaux. Il nous emmène donc dans le premier hall, le plus bas. Ici, il nous présente le bouddha et les 4 divinités protectrices. Nous remontons maintenant sur le niveau au dessus et passons devant une cour. Il nous explique que c’est l’espace d’entrainement. Que les élèves de l’école s’y entraînent 6h par jour, 6 jours sur 7. Nous ne sommes pas chanceux, nous somme aujourd'hui dimanche, il n’y aura aucun entraînement et aucune démonstration.

Je lui demande quel style est pratiqué de nos jours, sa réponse ne me surprend pas, il s’agit majoritairement du Taizu Quan, la boxe de l’empereur Taizu. Un style répandu dans le Fujian. *
Il me présente les pratiques générales trouvées ici sous le nom de Wuzu Quan « boxe des 5 ancêtres ». Terme servant à regrouper les 5 styles pratiqués ici et non pas comme étant le style de la boxe des 5 ancêtres en tant qu’entité propre. *

Spécificité des styles du Fujian,
pratique du bouclier contre le bâton

L'abbé Changding dispensant le cours de Taizu



















Les cinq styles sont donc :
Damo Quan « boxe de Bodhidarma », Lohan Quan « boxe des disciple de bouddha », Hou Quan « boxe du singe », Bai He Quan « boxe de la grue blanche », Taizu Quan « boxe de l’empereur Taizu ».
J’ai pu lire par la suite qu’il est également pratiqué deux autres styles au temple de Quanzhou, le Wujihuaquan et le Wumeihuaquan.

Le choix du style se fait sur les capacités naturelles de chacun. De constitution solide, mon interlocuteur a choisi lui même le TaizuQuan, style puissant et ancré. Je lui demande bien entendu si je peux avoir un aperçu de son Gung fu. Après avoir consentit il nous emmena sur une partie du temple moins fréquentée où il nous donna une démonstration de Taizu d’une excellente qualité ! Rapide et puissant, un excellent représentant d’un style lui convenant parfaitement.

Après sa très puissante démonstration, il me demande comme je m’y attendais à voir mon Gung fu. Rien de surprenant, je savais que j’aurai à m’exécuterpar la suite à la seconde où je le conviais à bien vouloir me démontrer ses talents.
Lorsque vous pratiquez la Chine en recherche de kung fu, vous devez être prêt à démontrer n’importe quoi, n’importe quand. Ce n’est pas un exercice facile mais ça a le mérite de vous tester et de prouver de la connaissance et maîtrise de votre style. Vous connaissez votre sujet, où vous ne le connaissez pas, il n’y a pas de triche.

Je m’exécute donc instantanément et démontre à froid « Soy Sam Sing » (Briser les 3 Étoiles), une forme courte mais rapide de notre lignée. Ma prestation n’est bien entendu pas des meilleurs possibles et comme me le font remarquer mes élèves, je n’étais certainement pas à mon maximum. Enfin, quoi qu’il en soit j’ai fait le job ; passer après son excellente prestation n’était pas chose aisée...

Il est maintenant temps de repartir pour nous, notre périple n’est pas à sa fin et de nombreuses choses restent à voir sur notre programme. Xu Qia Hong nous raccompagne à l’entrée, nous croisons le pratiquant m’ayant aiguillé vers lui qui n’est finalement qu’autre que son maitre.

Nous les remercions chaleureusement de leur temps et de l'échange et nous prenons congés d’eux, repartant vers notre prochaine destination… 

En compagnie du jeune maitre Xu Qia Hong après nos démonstartions

* Tels que je le mentionne dans mon ouvrage sur le Pakmei de Foshan, il existe 3 localisations possibles pour le temple de Shaolin du sud. Un à Putian, un second à Fuqing et un dernier à Quanzhou. Il semblerait aujourd'hui que les historiens situent celuide Quanzhou comme étant probablement l'originel. 

* À l’inverse du supérieur de Shaolin du nord, « l’abbé » Xin Yong Sin qui est un diplômé d’université en commerce/marketing, celui du Shaolin du sud l’abbé Changding est un authentique pratiquant d’arts martiaux, dont la fameuse boxe de Taizu. 

*Il ne s’agit bien évidement pas de Pakmei, Wing Chun ou Hung Gar, styles connus pour avoir été ceux développés mythologiquement dans le temple.





mercredi 25 octobre 2017

Tenter l'expérience chinoise



                Nombreuses sont les personnes m’avançant que je suis « chanceux » de vivre la vie martiale que je vie, comme si c’était quelque chose d’inaccessible, de grandiose. Je vais vous apprendre quelque chose qui va vous surprendre : je l’ai choisi ! Alors malgré que je sois très heureux de l’avoir fait, rassurez vous, ça n’a jamais été une difficulté dans ce sens, je suis passionné « je n’aimais, je n’aime et je n’aimerai » (pour reprendre un certain Cabrel)  toujours faire que ça.

C’est donc le genre de discours auquel je répond généralement, chance oui… Mais ce n’est pas arrivé en mangeant des chips devant les anges de la télé-réalité ou scoubidou (bien que le second soit bien plus intéressant que le premier à mon humble avis), il fallait mettre une dynamique en route. Pour ceux qui se posent la question, le premier périple (et les trois qui suivirent) je l’ai sué, économisé, fais une saison entière à la porte d’une boîte de nuit, j’ai pris un billet d’avion pour mon meilleur ami Long et moi même, et nous voilà parti pour Hong Kong. L’entrainement en Chine, la découverte d’un style particulier/rare me convenant était un rêve de toujours, un jour j’ai fais le saut (et oui j’ai des c....., et vous, en avez vous ?)

Ceci étant dis, revenons  en au réel intérêt de cet article.
 Je reçois régulièrement des messages me demandant de quelle manière il est possible de partir s’entrainer en Chine, avec mon maître.
Je vais tenter ici de vous donner des indications sur le : quoi choisir, avec qui, comment et où.

Il existe en Chine une multitude de styles, classés en boxes du nord et boxes du sud, vous le savez, je ne m’éternise pas.
Il existe aussi une multitude de types de maîtres et d’enseignements. Il vous faut trouver celui qui vous correspond.
Dans un premier temps, déterminez si vous préférez travailler du Wushu sportif ou du traditionnel.

Sportif ou traditionnel ?
L’art martial chinois se décline sous deux formes, sa forme traditionnelle et sa forme sportive. Les deux disciplines demandent un engagement sérieux, différent, mais tout aussi consciencieux.



wushu traditionnel

Wushu moderne



















Dans le cas de la pratique sportive du wushu moderne

Les qualités athlétiques nécessaires au travail du Wu shu moderne sont indéniablement de très haut niveau. Les athlètes doivent s’entrainer aux mêmes gestes sans relâche afin qu’ils soient les plus clairs, rapides, légers et précis possibles. Les aptitudes gymniques et acrobatiques sont mises en avant. Ici pas question d’y chercher un lien direct avec l’art du combat à proprement parlé, il faut l’envisager comme un art, basé sur des mouvements martiaux.

Le lieu :
Afin de vous y préparer au mieux, il vous faudra vous rendre dans une université de Wushu. Ces universités sont présentes dans toutes les grandes villes. Il est possible d’y étudier de plus ou moins longues périodes. Certaines sont très réputées tels que l’université de Wushu de Pékin et l’université de Wushu de Shanghai.
Les horaires varient selon les centres mais ils sont réguliers. Plusieurs heures par jours sont généralement proposées sur des périodes allant d’une semaine à une année. Le logement y  est possible.


Dans le cas de la pratique d’une boxe traditionnelle
Les styles traditionnels demandent quand à eux des aptitudes plus axés sur le mental dans son sens le plus stricte. La résistance à la douleur, le dépassement de la peur de l’affrontement... Il privilégie le travail des applications avec partenaire, du moins, il le devrait (il est vrai qu’aujourd’hui en Chine il est sérieusement délaissé, vous êtes prévenues et ne serez pas surpris). Il est axé sur une compréhension de la stratégie de combat, sur l’adaptation en relation de la réaction adverse, la distance, la génération de force.
Avant cela, le travail de la structure étant primordial, l’entrainement se fait énormément seul en chine, répétant des mouvants durant des heures, de la base, de la base et de la base... Ce n’est pas souvent fun et ça demande beaucoup de volonté.
Pour l’anecdote, mon maitre m’a demandé de travail des coups en pivot par séries… de 500, arrivant à 2000 répétitions dans la même séance.
J’ai eu personnellement des épisodes de douleurs des membres inférieures réellement intenses, au point de devoir m’aider de mes mains pour croiser et décroiser mes jambes assis au restaurant une fois l’entrainement terminé. 

Le lieu :
L’enseignement se fait majoritairement dans les parcs. Quelques fois dans la demeure du maitre et si vous êtes chanceux ce dernier possède une école. Pour trouver le maitre ou le style que vous désirez, vous pouvez contacter l’association de kung fu de la ville. L’association Jing Wu également est présente dans plusieurs villes.
Les horaires et nombres d’heures d’entrainement dépendent du maitre, là il suffit juste de se taire et de faire ce qu’il vous demande. Il m’arrivait régulièrement de m’entraîner de 6h à 8h par jours durant 1 mois, 7/7.

Comme vous pouvez le voir, la boxe traditionnelle et le Wushu moderne, sportif sont deux jeux très différents, il faut donc premièrement faire le choix de ce que nous voulons parmi ces deux catégories.

Le choix du style
En Chine continentale, à l’inverse de Taïwan et Hong Kong le choix est quasiment illimité. Par contre, la révolution populaire de Mao à fait des dégâts, les styles ne sont pas toujours complets, les formes d’armes ont été perdues... Rassurez vous, contrairement à ce qu’il se dit à Hong Kong, l’art martial est toujours vivant, il faut juste bien chercher. Marrant d’ailleurs d’écouter les mêmes maitres critiquer la pratique en Chine continentale, clamant qu’à HK ils ont gardés les traditions ; pour après s’y rendre et apprendre tel ou tel style, ou conseiller de s’y déplacer si l’on désire des artefacts et de vieilles méthodes.  Paradoxale n’est ce pas ? C’est vrai et faux à la fois.   

Toute sortes de structures de corps sont développées, des styles linéaires, d’autres à l’opposé, circulaires, des coups en balanciers, des boxes compactes, simples et directes, d’autres compliquées et fleuries...
Pour un résultat optimal, il est nécessaire de comprendre pour quel type de style nous avons des qualités naturellement développées. Le sculpteur sur pierre prend bien soins de choisir sur quel pierre il effectuera son œuvre. Si vous êtes naturellement agiles et souples, il est peut être plus judicieux de pratiquer un système à base de coups de pieds. Au contraire, si vous êtes trapus, planté au sol, il sera préférable de pratiquer un style du sud basé sur le travail de mains et sur l’ancrage au sol.
Bien entendu, le choix doit également  être basé sur le goût, là c’est une question vraiment personnelle : que préfère t’on pratiquer ?

La barrière de la langue
La Chine n’est pas un pays où la pratique des langues étrangères est bien implantée. Bien entendu, cela évolue petit à petit, il n’est pas trop difficile de trouver de jeunes chinois parlant quelques peu anglais pour retrouver son chemin, mais trouver un maitre, d’un certain âge, parlant l’anglais et étant disposé à enseigner est autre chose. Afin d’accéder à l’apprentissage, le près requis est de posséder des bases minimums en mandarins. Quelque soit l’endroit ou vous rendrez, quelque soit le style désiré, que le dialecte du coin soit majoritaire ou pas, la plupart des chinois vous comprendront et seront capables de répondre.

Mon expérience fut la suivante, je suis parti les trois premiers voyages avec mon meilleur ami et frère d’arme Long, d’origine asiatique, parlant le chinois. Après ces trois séjours, se fut moi avec moi même, des jours/semaines durant seul avec mon maitre à tenter de déchiffrer et apprendre ce que je pouvais. Une bonne expérience, apprise dans la souffrance :)
Maintenant que vous êtes prévenues, n’attendez plus, j’entends la sonnerie, c’est l’heure de l’école !

Les différents types de maîtres
Selon que vous choisissiez de pratiquer du kung-fu traditionnel ou du moderne, vous n’aurez pas affaire aux mêmes personnes.
D’expérience, je peux affirmer que les maîtres de tous types sont généralement bien disposés à divulguer leurs arts. Attention, je parle là de façon très général, certains restent fébriles voir hermétiques si vous ne partagez pas leur langue ; dans quelques cas même, leur dialecte. Tant pis pour eux, les jeunes chinois n’étant pas intéressés par leurs connaissances, leur enseignement disparaîtra.

Les maîtres de boxes traditionnelles familiales sont difficiles à dénicher. Ils sont peu nombreux et s’exposent généralement moins que leurs confrères du Wushu moderne. 
Armez-vous de patience.

La pratique en Chine et la zone géographique
Une fois le choix du style fait, il faut bien comprendre que vous ne trouverez pas tout, partout. Je ne le dis jamais assez, la Chine possède une superficie de 17 fois supérieure à celle de la France. Il vous faudra vous rendre dans la zone géographique de l’origine de votre style. Pour l’exemple, vous n’apprendrez pas de HungGar à Pékin ou de Cha Quan à Fujian.
De grandes familles de styles sont réunis de part leur situation géographique. Au Fujian et Guangdong les boxes Hakkas, les boxes connues dites « nordiques » dans le Henan, le Hebei etc...
Plus le style recherché est rare, plus c’est vrai. Si vous choisissez  un style de village, ce sera sac à dos, vous et votre chance et... bon courage ! N’oubliez pas tout de même « qu’a coeur vaillant rien d’impossible ».

L’apprentissage à Hong Kong et Taïwan
Le choix le plus facile pour ce qui est des boxes traditionnelles. De nombreux maîtres parlent un anglais compréhensible. Ils sont généralement disposés à enseigner car un bon nombre en font le business. Vous trouverez une grande variété de styles, dans leur expression la plus complète. Hong Kong et Taïwan furent les lieux de fuites de nombreux maîtres durant la révolution culturelle de Mao dans les années 60. Le kung-fu y est donc là bas bien répandu, complet et de bonne qualité n’ayant pas subi les années de répressions.  
Bien que le choix soit large, il reste limité comparé à la Chine continentale.
Ici, c’est un peu le choix de monsieur tout le monde, la facilité.

Avec mon maitre d'arme Sifu Lai Chun Wah sur le toit de l'école dans le quartier de Sam Shui Po

L'entrainement se fait au parc, les écoles étant minuscules, collant au problème de place disponible du pays. La spécificité intéressante réside dans l'entrainement sur le toit du building, spécialité Hongkongaise. 
Information importante, le coût de la vie, le logement, est bien plus élevé qu’en Chine, prenez en note selon votre budget. 

La rémunération de l’enseignant
Si le maitre a pignon sur rue, qu’il enseigne de façon professionnelle il est fortement possible qu’il pratique un tarif déterminé. Certains maîtres ont bien compris qu’il y avait de l’argent à gagner avec les étrangers et les prix sont quelques fois déraisonnables. Pour l’anecdote j’ai eu rencontré un enseignant qui était maitre de TaijiQuan style Chen lors de notre première rencontre et qui trois ans après, avec l’arrivée de la mode WingChun en est devenu un maitre lorsque les occidentaux débarquaient...

Si le maitre est un villageois modeste, vous lui offrirez un bon repas couplé au « Hong Bao » l’enveloppe rouge traditionnelle dans laquelle vous disposerez ce que vous voulez/pouvez.


La réaction d’un bon maitre (dans mes propres critères) sera le refus, insistez en argumentant que c’est juste pour qu’il aille se prendre un thé avec sa femme.

Je vous conseil de préférer les seconds aux premiers...

Finalement
Voilà qui je l’espère vous permettra de débroussailler l'épaisse forêt de vos interrogations, doutes et vous permettra de démarrer sachant vers quoi vous diriger.      
Avant de vous rendre dans l’empire du milieu, faites bien vos choix, sachez ce que vous voulez, ce que vous ne voulez pas, regardez les sites de vidéo en ligne, ailliez une connaissance visuelle de ce pourquoi vous partez. Si comme moi, vous savez ce que vous voulez, mais ne savez pas où le trouver, que vous êtes du genre à faire les choses à l’instinct, sans réel plan, ce n’est pas la meilleure méthode, mais le conseil que je peux vous donner et de taper à toute les portes, de parler au gens une fois sur place, ne pas être timide, je suis profondément convaincu que « qui cherche finit par trouver », que les perles du colliers s’enfilent les une à la suite des autres et que chacun à son propre destin en main, peut être est il écrit... ça a marché pour moi.

Permettez-moi de finir, en vous donnant un petit conseil à ne jamais oublier.
Quoi que vous choisissiez de faire, dans n’importe quel domaine, n’écoutez jamais ceux qui vous disent que ce que vous avez choisi de faire est impossible, trop difficile, irréalisable... Les incapables retiennent les capables à leur niveau. Les gens qui ont réussies, les Brad Pit, Obama, Eminem, Bill Gates... Ne vous diront jamais que les rêves sont irréalisables. La seule chose à respecter c’est que ces choix ne vous mettent jamais en danger.

Et pour finir vous concernant directement : ne vous construisez pas vous même votre propre cage. Les barrières, nous nous les posons souvent nous même, par peur, doute... si vous voulez, juste: faites.

Écrivez votre propre histoire,  vous souhaitant bonne route, avec force et courage. 


lundi 18 septembre 2017

Sifu, professeur, instructeur… la nomination adéquate


        Nous rencontrons en occident un problème, une gêne ou même, un refus de l’utilisation du mot « Sifu ». Il s’emploi dans la tradition pour designer un maitre. Est-ce un terme uniquement appliqué dans le cadre purement martial ? La réponse est non. En chine nous appellerons Sifu, un cuisinier, un chauffeur de taxi… ainsi que toute personne évoluant dans une discipline requérant un certain degré de maitrise.  
Sifu

Mais attention !
Pour décrire un maitre, il existe en Chine deux caractères distincts employant la même prononciation mais déclinant subtilement deux situations. Il s’agit de Sifu 師傅 et de Sifu 師父.

  • Le premier Sifu 師傅  signifie littéralement un  maître /expert, et doit être employé uniquement envers une personne que l’on respecte mais pour laquelle nous n’avons aucun lien d’intimité.
  • Le second Sifu 師父signifie littéralement maitre/père. Dans les arts martiaux, la tradition veut que le maitre soit aussi un modèle de vie, un éducateur, un formateur, un guide ; l’emploie du  terme "Fu" (père) prend donc tout son sens.
Nous observons donc deux termes distincts, dont la différence réside uniquement dans l'emploi du second caractère. La prononciation reste identique, ayant pour effet de créer l'ambiguité.
Nous devons donc utiliser le premier pour une personne que l'on ne connait pas et le second pour son propre maitre. La distinction n'est qu'écrite.

En occident, la difficulté d’utilisation de ces nominations me parait être de deux ordres.
  • Un manque évident d’éducation martiale, une méconnaissance des us et coutumes culturel.
  • Une sorte de fierté très latine excluant du vocabulaire tous titres considérés comme ronflant.

J’ai pu observer que l’utilisation de Sifu s’applique majoritairement à notre propre maitre. J’ai également pu observer que ce terme est utilisé uniquement sur des enseignants ayant pignon sur rue, des personnes renommées dans leur pratique. Il est généralement appliqué plus facilement si l’enseignant est d’origine asiatique. Il ne l’est généralement pas si l’enseignant est plus jeune que soit. Il est utilisé uniquement durant les cours.

Finalement, qui, quand et dans quel cas doit on utiliser la dénomination « Sifu » ?
Dans la pratique, Sifu est un titre. Il doit donc être employé indépendamment du fait d’être ou non l’élève du maitre. Afin de faire un parallèle avec nos coutumes occidentales, pensez à ces quelques exemples : Vous appelez le maire d’une ville : Monsieur le Maire, un docteur : Docteur Dupont, un avocat : Maitre Pena… Indépendamment du fait d’être les vôtres.

Les différents cas :
  • S’il est votre enseignant
  • S’il est un enseignant tout court
  • Si le maitre en question peut facilement vous botter le cul et que son expérience est supérieure à la votre (forme de respect)
  • Avant, durant et après les cours (il est toujours votre enseignant n’est ce pas ?)
  • L'emploi du nom par la femme du maitre, conversant avec les élèves de celui-ci (identique à la mère de famille parlant du père avec ses enfants)


Conclusion
Il existe évidement des maitres de meilleurs et de piètres qualités. Sifu est un titre attribué en Chine à celui qui enseigne, quelque soit son niveau. Rappelons que par le passé, si un maitre est bon, il acquière des élèves, s’il ne l’est pas… (Voir l’article : Qu’est ce qu’un maître de Kung-fu)

http://fatsanpakmeikune.blogspot.fr/2010/12/quest-ce-quun-maitre-de-kung-fu.html

Ce qui peut être considéré en occident comme un titre ronflant est simplement une manière de montrer notre respect à quelqu’un d’expérience. C’est l’usage en Chine depuis des siècles.  A l’écrit, rappelons juste d’accorder notre attention au bon caractère, dans la bonne situation.

Si nous nous targuons de pratiquer des arts martiaux traditionnels, respectons les règles,  ne piochons pas dans la tradition que ce qui nous intéresse.


  

mercredi 30 août 2017

Le chemin vers la connaissance


          En ces dix ans d'enseignement, j'ai pu constater une chose. Les élèves ayant dépassé la première année d'apprentissage (donc revenues la rentrée suivante) voient une baisse de leur fréquentation aux cours après la troisième année.

Je diviserai les phases d’apprentissage de la manière suivante :

-1er année: découverte, la pratique est nouvelle, cela semble difficile mais nous sommes motivés, nous nous accrochons. Si l'on passe cette première année...
-2eme année: Les choses se mettent en place, nous progressons, toujours l'engouement de la découverte mais surtout des premières vraies sensations.
-3eme année: au cours de celle-ci, la pratique ne nous semble plus tout aussi nouvelle. L’excitation du "premier rendez vous" est moins présente.
-4eme année: maintenant, il faudra une vraie passion pour continuer de joindre les cours et accepter que dorénavant, la progression se fera petit à petit, sans s’en rendre compte.
ET POURTANT! La progression et la découverte n'en sont qu'à leurs débuts.

Le développement de l’élève
Considérons l’art martial comme une lame. La pratique se compose dans les grandes lignes de deux phases distinctes : la forge et l'affûtage. Lors des premières années de pratique l’arme prend son aspect général, nous forgeons sa forme. Cette phase dure plus ou moins longtemps selon les individus et développe la structure de corps propre au style étudié. Si l’arrêt n’est pas trop prématuré, nous avons réussi à forger la forme. Ceci ne peut être perdu, ce qui est acquis l’est définitivement, c’est profondément ancré. Ensuite, vient la période d’affûtage, nous l’aiguisons lors de notre pratique quotidienne, réflexes, précision, coup d’oeil.... L’efficience provient de l’affûtage.

Avec l’arrêt, la lame s’émousse forcément, comme un couteau avec le passage du temps, mais maintenant plus de danger, c’est superficiel, il nous suffit simplement de reprendre l’entrainement sérieusement pour retrouver les sensations perdues et remettre en place ce qui ne l’est plus.

Du point de vu du professeur
Ce que je m’apprête maintenant à dire peut choquer à la première lecture, mais laissez moi développer. L’enseignant enseigne, c’est sa tâche et il doit le garder à l’esprit.
Il voit durant ses années d’enseignement plusieurs générations d’élèves se succéder.
De ces différentes générations, peu seront les élèves qui iront au bout de leur pratique, qui termineront le curriculum. L’enseignant doit comprendre cela dés ses début. Chacun joins le cours pour des raisons qui lui sont propres. Certains pour la self défense, certains autres pour l’art, la culture ou encore pour le lien sociale que l’école procure. Les élevés vont et viennent suivant leurs envies ou leurs obligations de travail et familiales.
Afin de ne pas être désabusés par le manque de régularité ou l’arrêt prématuré de la pratique (tout professeur connaît cela), il faut considérer l’enseignement avec égoïsme. Ne pas enseigner pour l’élève, mais pour sois.
Je m’explique.
Enseigner est et restera toujours le don d’une connaissance à une tierce personne. Ce qui change c’est la manière dont vous appréhendez la chose, si vous enseignez par amour de l’enseignement, n’attendant rien de l’élève, c’est à vous que vous faites plaisir et vous n’êtes pas désabusés par le manque de sérieux ou l’abandon fréquent. L’élève prend ce qu’il a à prendre et celui qui va au bout à toujours tout à y gagner. Simplement, l’angle de vue change et vous n’avez pas le sentiment de perdre votre temps.

Un accès à la connaissance
Je possède à ce jour un curriculum d'exactement 98 formes mains nues et armes confondues.
- Un style inconnu en Occident avant ma visite en Chine, rare et profond, ayant un degré de technicité et d’efficacité incomparable. 
- Un éventail d’armes classiques extrêmement rare pour une majorité d’entre elles.
- Des connaissances techniques de contrôle et soumissions chinoises (les Qin Na).
- Le partage de l'expérience du combat de rue acquis quelque fois durement.
- De l’histoire et de la culture, résultant de recherches lors de nombreux voyages.

Une connaissance que je considère comme étant un trésor d’une grande valeur acquise auprès de différents maîtres de qualités. Ca m’a coûté du temps, des efforts, des sacrifices.
Je ne suis pas un gardien de trésor et j’enseigne tout ce que l’élève peut absorber, sans égoïsme et sans restriction.
Néanmoins il faut bien comprendre que l’apprentissage prend du temps, pour avoir accès à l’ensemble il faut posséder une réelle passion.

Ceci étant dit
Merci aux élèves présents de l’être.
Pour ceux ayant quittés les cours, désireux de revenir mais craignant de devoir recommencer, gênés de demander à revoir ce qu’ils ont oublié : revenez ; ce sont des considérations absurdes, je le répète, l’enseignant enseigne, c’est sa tâche.
Nous nous voyons à la rentrée.



lundi 7 août 2017

Le 6eme ouvrage: Les doubles poignardes volants 雙飛匕首

          
J'ai le plaisir de vous présenter mon dernier ouvrage de la série traitant sur la pratique des armes anciennes chinoises: "Les doubles poignards volants".



Voici un petit résumé:

             Le poignard trouve son origine en des temps immémoriaux. Simple d’utilisation et facilement dissimulable, il est naturellement devenu l’arme de dernier recours des soldats de l’empire du milieu. Les chinois en ont développé au fil du temps des techniques meurtrières d’une finesse jamais égalée.

La forme présentée dans cet ouvrage « Les doubles poignards volants » Seung Fei Pei Sao » 雙飛匕首 provient de l’enseignement de maitre Mai Yu Keung de Foshan. Routine féroce et effective, ses mouvements n’en sont pas moins élégants et très démonstratifs. Une routine tout aussi intéressante du point de vue technique que visuel.

Au-delà d’un simple aide mémoire, cet ouvrage contient des informations sur l’historique de l’arme, présente des exemples de poignards anciens, la forme, les applications pratiques…


Découvrez l’utilisation de l’arme des assassins chinois des dynasties passées au travers des 88 pages et 147 photos.   

Pour vous le procurez cliquez sur le bout



vendredi 9 juin 2017

Vous avez dit violence ?


             Aujourd’hui, pas d’histoire des guerriers anciens, nous allons faire dans le pragmatique, la réalité (n’en déplaise) de notre monde moderne.


L ‘analyse de la violence est un sujet que je traite depuis longtemps. L’intérêt que j’y porte est dû, je le concède, peut être à mon caractère quelque peu belliqueux. C’est d’ailleurs je pense, une des raisons qui me poussa à exercer très tôt mon métiers de « videur ». L’adrénaline ressentie lors d’une altercation était quelque chose que je recherchais abondamment.

En aillant fait l’expérience sur la majeure partie de ma vie, je l’ai observé, j’ai tenté de l’apprivoisé, de la comprendre… mais surtout, j’en ai tiré des enseignements et conclusions sur la nature de l’homme et son rapport à la peur.

J’envisageais un nouvel article sur le sujet depuis longtemps, et une lecture très intéressante m’a fait faire le pas. Il s’agit d’une interview de Monsieur Gérard Chaliand, un homme qui à vécu de l’intérieur les conflits majeurs des 50 dernières décennies. Il y parle du moyen orient, bien sur... mais également de la guerre du Vietnam,  de la stratégie de Mao mais également du constat qu'il fait de notre société ramollissante... Je me suis retrouvé dans cette interview des opinons communes avec Monsieur Chaliand.

Je suppose que lorsque nous avons expérimentés la violence, de façon franche et honnête avec nous même, nous ne pouvons que tomber d’accord n’est ce pas ?
Vous trouverez donc dans cet article une présentation des différents types de violences et comportements, des phénomènes psychologiques attenants ainsi que des clefs pour pouvoir au mieux l’appréhender et y faire face.

Premier constat :
La peur maladive de la violence dans notre société, une anxiété exacerbé rien qu’à l’idée de devoir la rencontrer et c’est la faute de la société.

Dans l’interview, Monsieur Chaliand donne d’excellents exemples :

-          « Shakespeare avait dit que la prospérité et la paix produisent des couards. Autrement dit, des trouillards. On a vécu une longue période de paix – très bien, j’en suis très content – mais ça ramollit. »

Ou encore suite à cette question posée :

« Est-ce que cette fascination pour la violence de Daech, démontrée par son traitement médiatique, ne renvoie pas au refoulement de la violence que nous avons opéré ces dernières décennies dans les sociétés européennes ?
-          Il y a de ça, certainement. Mais les sociétés européennes sont d’une sensiblerie quasi-maladive : on ne peut plus rien supporter. À la campagne, jadis, égorger un poulet, c’était aussi normal qu’aller faucher le blé. Aujourd’hui, vous dîtes à un type de n’importe quelle université, « On va manger un poulet mais il faut l’égorger ». Il vous répondra « Ah non ! Pas moi ! »  J’ai vécu pendant trois mois dans la forêt amazonienne. Toutes les nuits, vous entendez le cri des bêtes qui se mangent entre elles. Toutes les nuits, les carnivores chassent et tuent. La nature répond au même rapport de force que nous. Le monde, ce n’est pas Bambi, mais on a fini par vendre du Bambi partout. Il y a des individus pour qui la violence est un concept. Mais la violence, ce n’est pas un concept. Vous parlez avec des types qui sont passés des bancs de l’école au fauteuil du bureau, et qui n’ont jamais reçu une claque de leur vie. Vous pensez qu’ils vont prendre des décisions politiques courageuses ? Je ne le crois pas. »

  A cette merveilleuse explication j’ajoute que nous somme conditionnés depuis le berceau à réprimer toutes formes de violences, même les plus légitimes. On nous hôte depuis le départ le DEVOIR de nous défendre lorsque cas échéant, nous avons à le faire. Dès l’école, lors d’affrontements avec les camarades, les sanctions sont identiques, à tord ou à raison. Nous sommes conditionnés, vivant dorénavant dans une société aseptisée ou la nature de l’homme, n’a pas la moindre place. Je ne fais bien entendu pas l’apologie de la violence, je cherche par là, à défendre un DROIT fondamentale qu’est celui de pouvoir se défendre (ainsi que les siens) lorsque la menace se fait sérieuse.
Des différents rapports d’expériences qui me sont fait, plusieurs comportements reviennent. Selon moi, ils sont toujours liés au constat cité plus haut. Ceux-ci sont : la peur de représailles, la peur de faire mal, la peur tout court.

La peur des représailles peut être de deux sortes : les représailles judiciaires, les représailles physiques.

Les représailles judiciaires : ici en liens direct avec la société. Pour ceux qui auraient conservé l’instinct primaire d’utiliser la violence au moment opportun, ici se trouve le garde fou. La loi est un mal nécessaire certes, nous ne pouvons pas vivre dans un monde ou s’applique la loi du plus fort. Mais l’effet pervers en est que le seul poussin à en être étouffé dans l’œuf et celui qui la respecte ! Car comme l’a constaté un philosophe Grec il y’a de cela III millénaires, « La toile de la justice n’arrête que les faibles ». Le bon citoyen la respecte, l’autre… n’en a que faire. Je vous laisse y méditer…

Les représailles physiques : Le second frein se trouve ici. La majeure partie de la société aspire à vivre dans un environnement calme, sans soucis. Ce n’est pas le cas du petit voyou qui vit de larcins. Celui là est habitué aux problèmes de tout type et il vit avec. Sa limite de la « pression supportable » est supérieure à ceux de la première catégorie ; question d’expérience. Ici encore, les récits des expériences d’altercations qui me sont rapportés sont unanimes, « je n’ai pas passé le cape pour tel ou tel raison », la chute de l’histoire est toujours chargée de bonnes raisons. En réalité, c’est de la peur dont il s’agit. Ici encore, à trop réfléchir aux conséquences, nous nous transformons en gentils petits agneaux, prêts à se faire dévorer. Un moment donné, ravalez vos raisons et faites ce que vous avez à faire.

La peur de faire mal : Là c’est intéressant car c’est en liens direct avec l’étouffement de la société et la peur des représailles judiciaires conjointement liés. Conditionné depuis l’enfance à ne pas montrer le moindre signe de protestation et réprimer toute sorte de violence, la peur de faire mal est une  expression de la frustration. La gravité ici se trouve dans la non-proportionnalité de la réponse à une agression. L’adversaire veut lui vous faire mal, mais vous… non, pas trop… Un combat totalement inégal qui se solde généralement par une défaite. Je ne le répéterai jamais assez : perdre dans la rue n’est pas une option envisageable. Nous ne sommes plus dans la cours d’école du CM2.  
La peur : La peur est due au manque de préparation vis-à-vis de la violence dans notre société aseptisé. Nous sommes des animaux, avec un cerveau certes, mais des animaux, avec des individus a tendance dominante et d’autres dominé. Lorsqu’une situation de nature violente se présente, nous sommes formatés à aller nous plaindre auprès des instances, déposer des plaintes sur des propos diffamatoires, ou de caractère à violence verbale... ça en dit long sur notre capacité à nous défendre par nous même…

Différents types de violences
La violence revêt plusieurs aspects, mais surtout comporte différents degrés. Il faut bien savoir les distinguer et comprendre qu’ils ne se gèrent et surtout, ne se vivent pas de la même façon d’un point de vue psychologique.

L’altercation avec un individu : C’est un choix, nous voulons nous confronter, lui aussi, c’est un duel de gladiateur. Accepter ou décliner le combat sont des choix possibles. Nous nous soumettons, abandonnons ou engageons l’affrontement. Il faut faire le choix, parfois difficile de déclencher les hostilités, ça à comme bénéfice de donner l’avantage. C’est un choix difficile car une fois enclenché, nous ne pouvons plus faire marche arrière, avant cela, si l’autre ne démarre pas, nous avons encore une chance d’y échapper.

L’agression : Elle est souvent sournoise, rien de noble et généralement par surprise. C’est la plus difficile à appréhender. Soit nous avons les bons réflexes, soit…

Le phénomène de groupe : Dans les banlieues nous avons à faire à des bandes, des groupes d’individus. Des gens se motivant les uns les autres mais surtout, essayant de montrer au reste de la meute qu’ils sont eux, de vrais durs. Le problème ici, c’est que la barre monte de façon exponentielle, les limites sont poussées par la surenchère de son image dans les yeux de l’autre, conforté avec un sentiment de puissance. N’importe quel homme peut se faire prendre au piège, les individus mis en cause ne sont pas toujours de gros durs, croyez moi.

L’illusion de grand méchant loup : Généralement l’opposant est comme nous. Quelque fois il revêt un visage hideux, il a un physique supérieur, il le sait et il s’en sert. A de rares exceptions prêt, il est comme nous, pas plus déterminé mais il a l’habitude d’aboyer et d’impressionner de ce fait la galerie. Ces prédateurs cherchent des proies à leur mesure. C’est le cas le plus majoritaire.

Le vrai dominant : Le vrai problème est ici. Il veut en découdre, se moque des conséquences et est déterminé. Son but est de gagner, quoi qu’il en coûte. Ses limites sont bien supérieures à la moyenne. La majorité des gens connaissent la peur, le malaise, face à une situation violente. C’est normal, au moins la pression ressentie. Nous ne sommes pas égaux, ni dans la manière de la ressentir, ni dans la manière de la gérer. Si vous n’y avez eu affaire que de façon très épisodique, que vous avez une vie de familiale rangée, un chien et êtes propriétaires d’un petit pavillon, vous n’aurez pas les mêmes limites que celui qui à été traîné de foyer en foyer, obligé de voler pour se nourrir... vôtres monde n’est pas le siens et vos perceptions très différentes. Lors de l’accrochage, les limites seront différentes, l’un n’a pas grand-chose à perdre et connait déjà les instances judiciaires, ça ne lui fait pas peur outre mesure, vous, vous avez tout à perdre. C’est ici que cela devient intéressant. Naturellement, l’un prend la place d’un dominant, l’autre, automatiquement d’un dominé. Si ce n’est pas le cas, la seule solution possible c’est le contact direct.

L’escalade de la violence : La violence ça s’escalade, c’est comme le crime. Un acte qui aurait pu vous choquer lors de sa première rencontre se banalise par la répétition. Dans mon métier je l’ai vécu. Lorsque la moyenne française de confrontation physique à l’âge adulte est de deux fois sur toute la longueur de sa vie, c’est le tarif d’une seule nuit de travail pour n’importe quel portier de discothèque. Forcément, le rapport à la violence et la différence d’expérience avec monsieur lambda est incomparable. Une situation qui ferait frémir la moitié de la population est d’une banalité désobligeante pour quelqu’un qui la rencontre fréquemment.

Les méthodes pour l’endiguer/les comportements à adopter
Premièrement, il faut comprendre dans quelle situation nous nous trouvons, face à quel type de personnalité afin de faire les bons choix. Il faut comprendre que le respect s’obtient par la peur, c’est malheureux mais bien réel.

80% des altercations physiques sont évitables. Cela dépend simplement de l’attitude adoptée.

L’affrontement je le répète est un jeu de dominant/dominé dans la majeur partie des cas. Si vous ne faites pas front, l’adversaire se sent en position de dominant et en abuse.
Je vous parlais plus haut des crocodiles, majoritaires en réalité. De faux dominants. Ca parle fort, ça bombe le torse, ça jure et menace. Il est relativement facile de mettre un terme définitif au comportement : s’imposer de façon clair, montrer que nous serons présent jusqu’au bout, quelque soit l’apparence qu’il revêt ou le nombre d’individus. Sinon la baf ! Elle fait redescendre très vite lorsqu’elle claque bien.
 Ces individus sont habitué à vociférer se faisant passer pour des dominants, mais lorsqu’ils en croisent un vrai... ou un qui à l’être d’en être un, c’est la débandade. Tout à coup, ils se font tenir tête ouvertement, stoïquement, et ils n’ont en réalité pas les ressources physiques pour aller au bout car habituellement ils ne dépassent pas la phase d’intimidation. Ils ne savent pas combattre, car ils n’en sont jamais arrivés là avec des clients sérieux. Ils ne sont pas sur d’eux et vous ne tardez pas à le comprendre. Ça discute, discute…discute... mais il ne se passe rien. Tout son petit monde est ébranlé, c’est déroutant. J’en ai croisé des quantités astronomiques…

Lorsque vous croisez un vrai dominant… et que vous ne voulez pas vous soumettre, pas d’autres choix que d’utiliser la violence. Votre intention doit être supérieure à la sienne. Que le meilleur gagne. Dans ce cas précis, celui qui à l’expérience aura un avantage sur l’autre. Encore une fois, la violence ça s’escalade et Bambi ne mangera pas un tigre.

Pour le reste des cas il faut être vigilant, ne pas rentrer dans la psychose mais se « méfier sereinement » des comportements qui vous entourent.

Sur ces conseils, faites attention à vous… mais ne vous laissez pas faire, car il y’a pire rôle que celui gerbant de bourreau : il y a celui de victime.