LAO SIU LEUNG PAK MEI KUNE

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lundi 18 septembre 2017

Sifu, professeur, instructeur… la nomination adéquate


        Nous rencontrons en occident un problème, une gêne ou même, un refus de l’utilisation du mot « Sifu ». Il s’emploi dans la tradition pour designer un maitre. Est-ce un terme uniquement appliqué dans le cadre purement martial ? La réponse est non. En chine nous appellerons Sifu, un cuisinier, un chauffeur de taxi… ainsi que toute personne évoluant dans une discipline requérant un certain degré de maitrise.  
Sifu

Mais attention !
Pour décrire un maitre, il existe en Chine deux caractères distincts employant la même prononciation mais déclinant subtilement deux situations. Il s’agit de Sifu 師傅 et de Sifu 師父.

  • Le premier Sifu 師傅  signifie littéralement un  maître /expert, et doit être employé uniquement envers une personne que l’on respecte mais pour laquelle nous n’avons aucun lien d’intimité.
  • Le second Sifu 師父signifie littéralement maitre/père. Dans les arts martiaux, la tradition veut que le maitre soit aussi un modèle de vie, un éducateur, un formateur, un guide ; l’emploie du  terme "Fu" (père) prend donc tout son sens.
Nous observons donc deux termes distincts, dont la différence réside uniquement dans l'emploi du second caractère. La prononciation reste identique, ayant pour effet de créer l'ambiguité.
Nous devons donc utiliser le premier pour une personne que l'on ne connait pas et le second pour son propre maitre. La distinction n'est qu'écrite.

En occident, la difficulté d’utilisation de ces nominations me parait être de deux ordres.
  • Un manque évident d’éducation martiale, une méconnaissance des us et coutumes culturel.
  • Une sorte de fierté très latine excluant du vocabulaire tous titres considérés comme ronflant.

J’ai pu observer que l’utilisation de Sifu s’applique majoritairement à notre propre maitre. J’ai également pu observer que ce terme est utilisé uniquement sur des enseignants ayant pignon sur rue, des personnes renommées dans leur pratique. Il est généralement appliqué plus facilement si l’enseignant est d’origine asiatique. Il ne l’est généralement pas si l’enseignant est plus jeune que soit. Il est utilisé uniquement durant les cours.

Finalement, qui, quand et dans quel cas doit on utiliser la dénomination « Sifu » ?
Dans la pratique, Sifu est un titre. Il doit donc être employé indépendamment du fait d’être ou non l’élève du maitre. Afin de faire un parallèle avec nos coutumes occidentales, pensez à ces quelques exemples : Vous appelez le maire d’une ville : Monsieur le Maire, un docteur : Docteur Dupont, un avocat : Maitre Pena… Indépendamment du fait d’être les vôtres.

Les différents cas :
  • S’il est votre enseignant
  • S’il est un enseignant tout court
  • Si le maitre en question peut facilement vous botter le cul et que son expérience est supérieure à la votre (forme de respect)
  • Avant, durant et après les cours (il est toujours votre enseignant n’est ce pas ?)
  • L'emploi du nom par la femme du maitre, conversant avec les élèves de celui-ci (identique à la mère de famille parlant du père avec ses enfants)


Conclusion
Il existe évidement des maitres de meilleurs et de piètres qualités. Sifu est un titre attribué en Chine à celui qui enseigne, quelque soit son niveau. Rappelons que par le passé, si un maitre est bon, il acquière des élèves, s’il ne l’est pas… (Voir l’article : Qu’est ce qu’un maître de Kung-fu)

http://fatsanpakmeikune.blogspot.fr/2010/12/quest-ce-quun-maitre-de-kung-fu.html

Ce qui peut être considéré en occident comme un titre ronflant est simplement une manière de montrer notre respect à quelqu’un d’expérience. C’est l’usage en Chine depuis des siècles.  A l’écrit, rappelons juste d’accorder notre attention au bon caractère, dans la bonne situation.

Si nous nous targuons de pratiquer des arts martiaux traditionnels, respectons les règles,  ne piochons pas dans la tradition que ce qui nous intéresse.