LAO SIU LEUNG PAK MEI KUNE

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mardi 5 février 2019

Le Wen et le Wu 文武 partie 3 La vertu martiale, le Wu De 武德




Ceux qui me suivent depuis les débuts savent que j’avais déjà traité du sujet du Wen et du Wu il y a quelques années en deux articles séparés. Le temps passant, je trouve que malgré ces deux parties, le thème reste incomplet.

Vous l’aurez compris, le sujet me passionne, voici donc un troisième et ultime volet.
Pour commencer, rappelons que le Wu , le martial, définit ce qui a attrait à la guerre, au combat, tandis que le Wen lui, définit ce qui a attrait à l’érudition, au scolaire. Comme je l’avais déjà présenté dans mes anciens écrits, ils sont indissociables à l’élaboration d’un guerrier accompli.

Le Wen et le Wu sont représentés par le pinceau, symbolisant l’érudition et la hallebarde, représentant la guerre. Deux facettes d’un même joyau, deux versants d’une même montagne, deux entités antagonistes, mais pourtant bien reliées, la complémentarité du Yin avec le Yang. Et pourtant, ce n’est pas toujours de cette façon qu’ils furent perçus.

Le pinceau, le Wen









La hallebarde, le Wu






Selon les périodes, ils ont joué à tour de rôle une fonction de dominant/dominé. Les érudits de la cour méprisaient les affaires militaires qui n’étaient pour eux que des activités inférieures. Les généraux quant à eux ne trouvaient pas toujours les érudits très pragmatiques dans leur approche de la réalité, cela causant la perte de bien des empires.




 Le Wen et le Wu furent alors réunis, séparés, puis réunis à nouveau


*  L’emblème le plus représentatif de cette réunion est sans aucun doute l’épée. N’étant plus utilisée sur les champs de batailles, elle devint une arme acceptée par les gentleman, un symbole témoignant du statut de guerrier-érudit de son propriétaire. Il va sans dire que nombre de leurs possesseurs, hommes de lettres, purent et surent l’utiliser avec efficience. *

Le milieu de dynastie Ming fut une période faste jouissant d’une paix relative. Le gouvernement se détourna une nouvelle fois peu à peu des affaires militaires, allouant moins de fonds au bon fonctionnement de son armée et privilégiant dès lors nettement la pratique des arts et de l’étude.

Ce choix méprisant envers la pratique martiale lui coûtera la fin de son règne. Les Mandchous, peuple barbare venant du nord-est, établiront la dynastie Qing, devenant désormais les seuls maîtres de la Chine.


Evolution historique du caractère Wu “Martial“

     Le caractère Wu est constitué de deux clefs, celle introduisant l’idée de stopper zhǐ et celle de la hallebarde gē. J’avais statué dans mon premier article que le zhǐ était stopper au sens littéral du terme, donc, le sens complet du caractère serait “stopper la guerre“, et c’est en effet le cas... mais pas seulement… Si l’on remonte plus loin dans le passé, zhǐ portait une toute autre signification… celle inverse de “marcher“.
Donc, le sens originel du caractère n’était pas comme nous le connaissons aujourd’hui de “stopper la guerre“, mais au contraire de “marcher à la guerre“ !

Le sens changera et sera rencontré pour la première fois dans sa seconde signification dans les “Annales des Printemps et Automnes“ (481 av. J.-C.).


Le Wu De la Vertu Martiale

     Le Wen et le Wu réunis donnèrent naissance au Wu De , la vertu martiale. De nos jours, nombre de pratiquants d’arts martiaux font un amalgame un peu rapide et surtout imprécis entre la vertu et les arts martiaux, sans savoir finalement lequel a engendré l’autre. Essayons d’y apporter plus de précisions. 

En effet, durant la Période des Royaumes Combattants (480-221 av. J.-C.), le concept de vertu martiale “Wu De“ fera son apparition. Il est compris aujourd’hui comme un but vers lequel tout pratiquant d’art martiaux doit tendre et en effet, c’est ce qu’il est ; mais originellement, il n’avait pas le sens qu’on lui porte, sa direction était tout autre.

La Période des Royaumes Combattants a vu un changement drastique de l’organisation militaire s’opérer. Tandis que les différents royaumes se menaient des guerres sans merci, la professionnalisation des armées s’est étendue. Le service militaire obligatoire s’est élargi à toutes les strates de la société. Nous pouvions alors rencontrer des paysans-soldats soumis à un enrôlement obligatoire. Des gens sans réels talents guerriers, mais surtout dans le cas de ce sujet, sans éducation, correction ou savoir vivre.

De cette nouvelle situation et compte tenus des problèmes rencontrés, différents textes militaires commencèrent à décrire des vertus qu’il fallait posséder. En analysant bien ces différentes vertus et en les replaçant dans ce contexte, nous pouvons constater qu’elles s’adressaient en premier aux commandants en chef, généraux et étaient tournées majoritairement sur la manière de se comporter avec ses troupes afin d’arriver à les discipliner et engendrer un sentiment patriotique qui faisait défaut à ces “paysans-soldats“.

Bien que empruntées majoritairement des règles conservatrices Confucianistes, l’objectif initial du développement de ces vertus militaires n’étaient donc pas de s’élever spirituellement, mais bien de mener des armées à la victoire et d’éduquer les troupes dans la rigueur indispensable au professionnalisme de l’armée. Voici donc originellement l’intention de la création des Wu De dans l’association du Wen et du Wu  


Le développement de la vertu via l’art martial

    Le développement de soi, de sa vertu, au travers de la pratique physique de l’art martial n’est apparu que vers la fin de la dynastie Ming (1368-1644), époque à laquelle les techniques martiales à mains nues se développèrent et commencèrent à ressembler à ce que l’on pratique aujourd’hui.
Les premiers textes traitant du développement personnel via l’art martial datent du 16ème siècle.

Par exemple Tang Shunzi (1507-1560) associe l’art martial des moines à la méditation dans son ouvrage intitulé “ Chant du Poing des Moines du Mont Emei“ (Emei Daoren Quan Ge).
Au 17ème siècle Zhang Yongquan (1619-1700) associe également les deux aspects dans son “Chant du Poing Sha“ (Shaquan Ge).

Également, Cheng Zong Yu, le fameux auteur du “Bâton de Shaolin“ (Shaolin Gun Fa) évoquera en 1621 que “les moines cherchent à atteindre l’illumination au travers de leur technique de bâton“.

Ceci étant, la recherche intérieure n’étaient à cette période encore toujours qu’une préoccupation des hautes classes sociales, des érudits et des moines de différents ordres. Le courant ne s’est généralisé que vers la fin des Qing/début de l’ère républicaine.


On serait en droit de se demander pourquoi le développement s’est produit à cette période ?

      C’est en fait assez simple. La Chine de la fin de la dynastie Qing fut une période chaotique en raison de ses méthodes militaires surannées. L’incapacité probante à faire face efficacement aux pressions étrangères mit à mal ses traditions martiales.
Suite aux humiliations subies des innombrables défaites face aux armées étrangères, les chinois, bafoués, étaient dans le besoin de regonfler leur orgueil brisé.

Ils avaient ainsi trouvé via le développement de la vertu, un nouvel intérêt philosophique et culturel à leurs arts dépassés par les armes à feu de cette nouvelle ère. L’art martial pouvait alors œuvrer comme un outil de regain de la fierté patriotique permettant de retrouver une dignité perdue et par conséquent, renaître avec une image culturelle plus forte que jamais. Ainsi, l’art martial en corrélation de la vertu n’était plus seulement un art de défense, mais était également un moyen de s’élever spirituellement. Cette valeur ajoutée garantissait de fait la sauvegarde des traditions, les préservant de l’abandon et de l’oubli. 

L’association Jing Wu avec à sa tête le “tigre à face jaune“ Huo Yuan Jia en fut incontestablement le meilleur initiateur du début du 20ème siècle.


La vertu développée par l’érudition

     L’idée largement répandue aujourd’hui avance que le développement personnel passe ou est produit par la pratique martiale physique. La vertu est en effet quelque chose de recherché par les pratiquants d’arts martiaux, mais la façon de l’atteindre n’était originellement pas celle que nous envisageons. Le message bien que toujours positif, est passé de travers.

Si nous analysons les textes mentionnant le développement personnel par la pratique martiale, nous constatons qu’en dehors de Cheng Zong Yu (dont les dires sont toujours discutables), il est toujours mentionné le développement de soi par l’étude ou la méditation et non par la pratique physique de la technique à proprement parlé.

Je pose ici la question :
Comment le fait de simuler des actes guerriers (les Tao Lu), ayant un lien direct avec le combat, la destruction de l’adversaire, pourrait avoir une quelconque action sur le processus de développement intérieur de valeurs telles que la bienveillance (ren), la droiture (yi), la bienséance (li), la sagesse (zhi) et la fidélité (xin) ? 

C’est donc bien par les pratiques annexes “Etude-Méditation“ que le développement intérieur peut se parfaire. 

Selon les anciens penseurs, un homme qui se cultive intellectuellement, implique de fait qu’il cultive automatiquement sa vertu (l’étude ne mène-t-elle pas à la réflexion ?).
 
Guan Yu, général des armées de Shu. Ici avec son hallebarde "Du Dragon Vert" lisant les " Annales ds Printemps et Automne".
Exemple d'équilibre parfait entre le Wen et le Wu. 

Conclusion

   Le Wen et le Wu sont donc deux entités inséparables dans le processus d’accomplissement personnel.
En matière de gouvernance, il est historiquement vérifiable que dès lors que l’emphase fut portée sur le Wen au mépris du Wu, la chute de l’empire se dessinait à l’horizon.

Le concept de Wu De, bien que très ancien, (rappelons que dès Confucius il était question d’atteindre le statut de Jūn Zǐ “l’homme noble“ au travers des "6 Arts“ liù yì 六藝 qui étaient les rites, la musique, le tir à l’arc, la conduite de char, calligraphie et mathématique) n’eut de réelle résonnance que parmi les dignitaires, classes sociales favorisées et éduquées.
L’attrait liant vertu/développement de soi et arts martiaux n’eut de succès de tous temps que sur une partie infime des pratiquants jusqu’à la fin de la dynastie Qing. 

Le développement de notre spiritualité se fait par la méditation, ou par l’étude, donc par ce qui a un lien avec l’esprit. Quel degré de spiritualité pouvons-nous atteindre par une quelconque pratique physique ? 
Les codes moraux, les Wu De, sont donc bien les garde-fous qui maintiennent le contrôle de la pratique et non pas un sujet découlant de celle-ci…

Aujourd’hui, combien pratiquent les arts martiaux mais sont dans l’incapacité de se défendre honorablement ? Combien passent leur vie à parler de cosmologie la tête dans les astres ? D’un côté nous avons les rustres, de l’autre les poètes...

Ainsi, tâchons de cultiver notre intellect autant que nos poings, à l’instar du fameux général Qi Jiguang de la dynastie Ming qui statuait en son temps que, “Wen et Wu sont une seule et même voie“ 文武一道.


mardi 24 juillet 2018

A la découverte des Seng Bing 僧兵 les Moines Guerriers Chinois partie 1


Peinture murale à Shaolin, province du Henan, montrant des moines à l'escrime aux armes

Ceux qui me connaissent savent combien il est important (et réjouissant il faut bien l’avouer) pour moi de debunker les mythes et légendes véhiculés dans les arts martiaux chinois. Comme une fois n’est pas coutume, voici (encore) un nouvel exercice du genre... Ah oui c’est vrai... finalement, ce n’est pas une fois, …c’est carrément coutume.

Avant de commencer, je voudrais porter à votre attention le fait que cet article m’a demandé énormément de temps, la lecture de plusieurs ouvrages et articles en langues étrangères, ainsi que des discussions avec des chercheurs très sérieux. Toutes les pistes mènent aux mêmes conclusions. Comprenez bien que mon but ici n’est aucunement de faire le procès du bouddhisme ou de Shaolin et de ses pratiques. L’objectif du projet est initialement de présenter les moines guerriers en tant que tels, comme ils l’étaient vraiment. Les investigations que je menais se succédant, revenaient inévitablement vers le monastère de Shaolin. J’ai donc décidé de vous présenter les moines guerriers en deux articles distincts. Le premier décrira ce qu’était un moine guerrier et expliquera dans quel univers sociétal il évoluait. Le second traitera spécifiquement du cas de Shaolin, en remettant les événements s’étant déroulés au temple durant toute son histoire. Nous parlerons bien entendu de ses moines, de leur comportement et de leurs pratiques au fil de leur histoire. Une chronologie extrêmement fournie, si ce n’est, quasi complète.

Commençons…

Les moines bouddhistes

L’image largement répandue des moines bouddhistes dans l’imagerie collective est une image de sagesse, d’altruisme, de renoncement et d’austérité. Cette image est-elle conforme à la réalité historique ? Etait-ce là, la seule et unique vérité du comportement des moines ?

Distinguons bien deux sortes de moines : les Moines Réguliers et les Moines Guerriers. Les premiers étant ceux ayant prononcé les vœux, ne vivant que dans l’amour de la foi et les seconds, ceux pratiquants toutes sortes de besognes militaires.

Les moines étaient-ils généralement éduqués, possédant des richesses ou bien étaient-ils plutôt des mendiants ayant besoin d’aumônes pour subvenir à leurs besoins ? Ici, deux mondes s’entrechoquent… Allons-y… !

La réponse est claire, les moines vivants dans les grands monastères placés sous protectorat de l’état étaient des hommes majoritairement éduqués, vivant quelquefois dans l’opulence  et étant de fait propriétaires terriens, employant (ou forçant selon les cas) les villageois à travailler sur leurs terres.

Les moines vivants dans de petites structures, étaient soit autonomes, soit sous patronage d’un plus grand monastère des environs. Ceux vivants dans de petits monastères étaient majoritairement moins éduqués et souvent, vivaient de façon plus austère.

Pour ce qui est des moines guerriers, patientez, j’y arrive.

La religion et la pratique

Il faut premièrement comprendre une chose essentielle. Les arts de la guerre et la religion ne sont pas liés ! Obtenir le salut par la pratique martiale est un concept construit tardivement dans la dynastie Ming (un article sera à venir sur le sujet, je ne le développerai pas ici), mais qui s’est ancré dans l’inconscient collectif par les films et lectures faciles. De la profusion de textes religieux  disponibles sur Shaolin (ou d’autres temples) sous la période Ming, aucune mention n’a jamais été faite, nulle part, d’une quelconque relation entre la pratique martiale et la recherche ou l’accès à l’illumination ou l’élévation spirituelle, JAMAIS !

La première des interdictions d’un moine est de tuer. Ce principe de non-violence  est appelé ahimsa, qui signifie littéralement « ne pas frapper ».  Cette règle s’applique aux  animaux, mais aussi et surtout aux êtres humains. Les textes originels indiens sont catégoriques à ce sujet. Les moines ont l’interdiction de transporter des armes, de jouer de la violence ou de rejoindre une armée.
Nous  constatons donc bien que la guerre, la violence et le fait de commettre des actes répréhensibles sont clairement des choses opposées aux concepts bouddhistes : or, la guerre (l’art martial), c’est tout cela.

Pourtant, sous les Tang, il existait des moines tantriques spécialistes de rites élaborés ayant pour but de fournir à l’armée gouvernementale une panoplie de dieux bouddhistes guerriers censés leur assurer la victoire.

Au Tibet, durant des centaines d'années, des sectes bouddhistes rivales se sont engagées dans de violents affrontements. En 1660, le 5e dalaï-lama était confronté à une rébellion dans la province de Tsang, la forteresse de la secte Kagyu rivale avec son haut lama connu sous le nom de Karmapa. Le 5ème Dalaï Lama a appelé à une répression sévère contre les rebelles, en ordonnant à l'armée mongole d'oblitérer les lignes mâles et femelles, ainsi que les progénitures, je cite : "comme des œufs cassés contre les rochers .... Bref, anéantissez toutes traces d'eux, même leurs noms. "

Ceci est ce que l’on nommera des « Violences Monastiques ».

Comment le clergé bouddhiste pouvait-il légitimer la violence monastique ?

Alors que le bouddhisme est célèbre à travers le monde  pour ses préceptes pacifiques, les moines de tous ordres ont appliqué ou cautionné la violence au gré des événements qu’ils ont dû traverser. Comment ont-ils pu légitimer cette violence ? Et bien les textes Pali, tirés du Theravada interdisent la violence à la sangha (la communauté monastique) mais ils laissent une fenêtre ouverte sur l’acceptation d’avoir recours à des guerriers, la violence faisant partie intégrante de ce monde. Une sorte de violence, pour combattre la violence et finalement si tuer une personne pouvait en sauver 500… une sorte de tuerie compatissante, c’est acceptable n’est ce pas ?

Certaines autres sectes bouddhiques ont remanié des textes, leur faisant plus ou moins dire ce qu’ils voulaient. De cette sorte, certains textes allouaient aux moines l’utilisation de la violence dans certains cas, soumis encore ici à l’appréciation des abbés.

Bien entendu tous les moines n’ont pas toujours cautionné les dérapages violents de leurs confrères, comme nous pouvons le constater dans le poème du moine bouddhiste intellectuel nommé Yuanxian ayant vécu au 16ème siècle titré « Lamentation des troupes monastiques ». Il y condamne les pratiques guerrières des moines soldats.   

Les raisons majeures de la pratique martiale

Concrètement, la pratique des arts martiaux à Shaolin, et d’ailleurs comme dans tout autre temple, relevait premièrement de leur sécurité contre les bandits ; deuxièmement de leur unique moyen de faire valoir leurs droits sur leurs terres et de rester hors des attaques de seigneurs ou petits gouvernementaux du coin ; troisièmement d’assister encore et toujours le gouvernement dans ses multiples batailles, leur assurant ainsi l’appui et la protection de ce dernier sur le long terme. C’était donc, en partie, à des fins politiques. Cette relation de patronage / protectorat de l’état était chose courante pour les temples fournissant du soldat. Ce lien avec le gouvernement leur permettait d’être exemptés de taxes et de bénéficier d’arrangements divers.

La relation entre la religion et la recherche de l’amélioration de soi n’ayant originellement pas de lien, il est par contre tout à fait plausible que certains des moines ordonnés aient eu une connaissance de pratiques martiales avant leur entrée dans les ordres. Si cela était le cas, la boxe était pratiquée durant leur temps libre et était pour ceux-ci d’affection purement personnelle. 

Les Seng Bing 僧兵 (Moines soldats) ou Wu Seng 武僧 (Moines Martiaux)


Alors ces « moines soldats », qui étaient-ils vraiment ? Ils étaient en réalité une force paramilitaire, une milice servant à protéger le temple. Pour devenir un Seng Bing ou Wu Seng (moine martial), l’aspirant devait faire les 5 vœux classiques qui font d’un civil un bouddhiste, et 5 autres vœux temporaires liés aux règles de vie de la communauté monastique. Les vœux classiques des moines réguliers allaient eux de 72 à 300 !  Les Seng Bing n’étaient pas éduqués dans les règles du bouddhisme. On peut en déduire qu’ils n’étaient donc  « moines » que d’apparence. Les règles monastiques imposaient à quiconque vivant dans le temple, de revêtir la robe de moine et de se raser la tête, les Seng Bing devaient donc se plier à cette règle très précise. Ils étaient donc considérés par la population vivant à l’extérieur au même titre que les moines réguliers et étaient généralement confondus. 

Leur rôle était donc celui d’être les défenseurs du temple, mais également de ses intérêts, enfin… c’était ce qu’ils étaient censés faire. Etant sous les ordres des moines réguliers, ils étaient supposés leur obéir, accomplir les basses besognes et le labeur physique. Or, de nombreux faits montrent que les moines guerriers s’avérèrent souvent incontrôlables, ne respectant les vœux que de façon superficielle, bravant sans arrêt les interdits, mangeant de la viande, buvant de l’alcool. Ils avaient également tendance à exacerber les conflits politiques à l’intérieur des monastères avec souvent à la clef, des morts et des temples brûlés. A l’extérieur, ne respectant pas plus leurs vœux, ils étaient connus pour utiliser la force quand bon leur semblait. Ils violaient les femmes des villages alentours, abusaient régulièrement des enfants (c’était malheureusement également le cas des moines réguliers, la pédérastie était une pratique courante dans les monastères), volaient, se saoulaient, se battaient…

Fondamentalement les Seng Bing étaient considérés comme la lie de la société monastique. Dans la littérature populaire on leur allouait les noms de Dian Seng (moines fous), Feng Heshang (mauvais moines), Yeheshang (moines sauvages) ou encore Jiurou Heshang (moine viande / vin). Cependant, fatalement utiles, le clergé bouddhiste cherchait dans les textes et doctrines de quoi justifier ces actes de violence en contradiction directe à leurs idéaux.

Les moines guerriers, en plus de protéger les temples et ses intérêts, faisaient aussi office de soldats rapportés, quand le gouvernement se trouvait à court d’hommes. En 1561, la gazette du Zhejiang (Zhejiang Tong Zhi) en atteste. Elle mentionne la contribution de « Moines Guerriers » dans la bataille de 1553 au Mont Zhe. Il n’est malheureusement pas stipulé de quel monastère ces moines provenaient.

Ici encore, leurs comportements laissaient à désirer, n’ayant comme garde fou que le commandement. Durant certaines campagnes, les moines de plusieurs monastères furent amenés à devoir collaborer ensembles. Là, également, ça ne se passait pas dans le meilleur des mondes ; ils avaient tendance à affronter d’autres groupes de moines soldats comme en atteste l’incident survenu entre un moine de Shaolin et plusieurs moines guerriers d’un temple de Hangzhou en 1553.

Les faits se sont produits durant la campagne anti-pirate japonaise (les Woku). Les moines de Shaolin prirent part à plusieurs batailles. La plus grande victoire fut celle ayant eu lieu le 31 juillet 1553. 120 moines guerriers prirent les armes pour repousser les pirates japonais. Les rangs étaient composés de moines guerriers de différents temples avec à leur tête, un moine de Shaolin. Ils disséminèrent des centaines de pirates et seulement 4 moines furent tués. 
Le moine Tianyuan fut choisi à la tête de l’expédition  suite à une querelle l’opposant à divers moines d’un temple de Hangzhou. Il a dit-on, vaincu 8 de ces moines en deux rounds, un à mains nues et un autre armé d’une barre de fer. Nous avons ici des moines faisant preuve de violence pour une quête de pouvoir, bien loin du détachement à l’égo auquel ils étaient censés aspirer…

Dans le cas des moines guerriers Tibétains, nous pouvons également constater ce trait de caractère. Ainsi, Melyvn C. Goldstein stipule dans son article « A Study of the Ldab Ldob » de 1964 ce qui suit :

« Plus important que le sport, les Ldab Ldobs aiment se battre, entre eux ou avec des profanes. Dans les monastères, les Ldab Ldobs ont une hiérarchie lâche qui est basée sur leur succès en tant que combattants. Un Ldab Ldob reconnu comme un grand combattant a atteint l'honneur le plus recherché qu'un Ldab Ldob peut acquérir. En fait, un Ldab Ldob qui ne se bat pas, ou ne peut pas gagner des combats, est un Ldab Ldob seulement vêtu de la robe. »

Il y indique aussi que ces moines guerriers sont pleinement conscients de leurs actions et de leur rôle inférieurs aux moines réguliers :

-         - Même si le Bouddha est apparu dans le ciel,
-          - nous ne saurions pas comment avoir la foi,
-          - Même si les intestins d'un être sensible étaient en train de tomber,
-          - nous ne saurions pas comment avoir de la compassion.
-          ...
-         -  (Nous Ldab Ldob) sont les murs extérieurs,
-          - (Les autres moines) sont les trésors intérieurs.

Khampas, moines bouddhistes guerriers Tibétains chargés de la protection des différents Dalai Lama depuis des siècles

Comme vous pouvez le constater, ils étaient souvent forts sympathiques et bien loin de la vision fantasmatique que le public a d’eux.

Toutefois, il semble qu’épisodiquement, des Seng Bing, au contact des religieux réguliers se soient totalement convertis et, ont fini par vivre une vie de moine classique.

Alors pourquoi avoir rejoint les « ordres » si c’était pour se comporter de la sorte ? 

Il faut pour répondre à cette question se repositionner dans le contexte social de l’époque. Comme je l’expliquais plus haut, les grands temples, à l’image de Shaolin n’étaient pas des entités perdues, subvenant par elles-mêmes à leurs besoins. Bien au contraire… Nous avions affaire à des institutions puissantes, possédant l’appui des autorités en place, tout comme le clergé catholique, riche et fort de l’appui gouvernemental. Lorsque vous visitez les temples chinois, vous pourrez, au même titre que les églises, voir la richesse et la somptuosité des lieux, des statuts de jade, d’éléments de tous types recouverts de feuilles d’or…

L’entrée dans les ordres n’était pas toujours l’amour de la religion, mais ce choix leur assurait le gîte et le couvert en des temps difficiles, de pauvreté de grande ampleur. 

Shaolin était il l’unique temple à posséder une milice armée ?

Shaolin est internationalement réputé pour ses fameux moines guerriers, mais vous êtes vous déjà posé la question de savoir si c’était l’unique monastère ayant abrité des moines guerriers ?

Eh bien la réponse est clairement non, et loin de là. Par le passé, de nombreux temples possédaient des forces armées. L’emploi de gardes était chose commune aussi bien dans les grandes que dans les petites structures. Dans un dictionnaire datant de 1869 écrit par Dr. F. Porter Smith (Missionaire Evengile Anglais du 19ème siècle basé à Hankou), il est rapporté sous l’entrée : « The art of self defense in china » que le temple de Shaolin est réputé pour les techniques de bâton, mais également que : un monastère à Huangpi compte une population de 400 moines et que, une centaine d’entre eux sont versés dans les arts militaires, l’escrime, la boxe et le Nu (arbalète) afin de défendre leurs terres. Au moins trois autres monastères sont connus pour avoir abrité des moines guerriers de haute qualité, il s’agit du temple du Mont Wutai dans le Shanxi, du temple du Mont Funian dans le Henan et le fameux Emei Shan bien connu des pratiquants de Pakmei.

Utilisation du bâton

La tradition orale fait état de l’utilisation unique du bâton par les moines bouddhistes en tant qu’arme de défense. Ce mythe trouverait sa légitimité dans le fait que les moines n’avaient pas le droit de tuer, le bâton de bois faisant donc parfaitement l’affaire. Or, comme je le mentionnais plus haut, les préceptes bouddhistes interdisant toute forme de violence, l’utilisation d’une arme, quelle qu’elle soit, devait être prohibée pour tout moine régulier. Les Seng Bing ayant également fait vœux de non violence (quel paradoxe), ne respectaient pas cette règle. Pourquoi le bâton est rentré dans la pensée commune comme étant l’arme de prédilection des moines ? Certainement car la pratique connue des moines de Shaolin comprenant majoritairement l’utilisation du bâton pour les nouvelles recrues au milieu de la dynastie Ming (1368-1644). Ils se devaient également de respecter la règle leur interdisant de faire couler le sang sur les territoires du temple. Les Seng Bing furent alors souvent décrits faisant leurs rondes autour du temple armés de bâtons.

 Donc finalement, quelles armes furent utilisées ? Et bien les armes classiques du panel des soldats. Aux abords du temple des bâtons, et sur les champs de batailles toutes les armes classiques du panel. Il est enregistré au sujet de Shaolin des pratiques à la lance crochet, tir à l’arc et même… la pratique du tir aux canons, donc, comme n’importe quel corps d’armée de la période.  Je souligne que dans le manuscrit de Cheng Zong Yu (premier écrivain sur les méthodes de combat du temple) datant du 17eme siècle, il est fait mention que le bâton pouvait être de bois, mais également de fer (comme vous le constaterez dans la seconde partie réservé à Shaolin)!

Pourquoi si peu de matériel à leur sujet ?

En réalité, les Seng Bing étant une honte pour tout monastère qui se respecte, peu de choses furent compilées à leur sujet ; leur comportement n’arrangeant pas l’image des temples et surtout, de la religion. Les quelques textes les décrivant proviennent majoritairement du gouvernement Qing (1644-1911), n’ayant à cette époque plus de lien militaire avec eux. L’état n’était désormais pas réticent pour un sou à décrire ce qu’il se passait, faits les aidant à discréditer les temples et ainsi réduire leur influence sur les campagnes environnantes. Quelques écritures existent également sur des complaintes de moines réguliers à l’égard de Seng Bing ; élégies portant entre autre sur le « vol » de leurs petits protégés sexuels… Dernièrement, si les moines réguliers n’eurent mentionnés les Seng Bing que dans peu de textes, c’est aussi certainement dû au fait que ces derniers ne prenaient pas part aux rituels et cérémonies, faisant d’eux un sujet totalement inintéressant.

Il est préférable pour les monastères de totalement transformer l’histoire en quelque chose arrangeant la cause bouddhiste. Du coté du gouvernement d’aujourd’hui, même constat, il est préférable de ne pas mentionner ce genre d’aversions quand vous tentez de faire la promotion de votre extraordinaire culture martiale au travers (par exemple) de Shaolin. Cela arrange en effet aujourd’hui encore, tout le monde.

Les moines mendiants

Alors que les monastères étaient de puissantes entités, peuplées de moines réguliers érudits, contrôlant au même titre que l’état les populations environnantes, ils étaient également des lieux de passages offrant gîtes et couverts aux voyageurs de tous horizons. Des foires étaient régulièrement organisées à leurs abords. Ces temples accueillaient ces visiteurs pour des haltes plus ou moins prolongées. Dans cette agitation, l’apparition d’une autre catégorie de moines fit son apparition ; il s’agit des moines mendiants. Ces personnages, dont le nombre s’accroit dès la dynastie Tang (618-907), ne disposent d’attitudes souvent guère meilleures que les Seng Bing. Ces moines sous-éduqués, n’ayant souvent pas fait leurs vœux, trainant leurs guêtres dans les tavernes et profitant de l’aumône furent portés à l’écran de bien des films des années 70-80 sous des traits très attachants de pratiquants d’arts martiaux, de conteurs de rue ou de diseurs de bonne aventure.

Ces moines errants / martiaux ne sont pas sortis de l’imagination de scénaristes. En effet, sous les Qing (1644-1911), de nombreux moines errants parcouraient la Chine, enseignant la boxe ci et là au gré de leurs rencontres, comme le relate le lettré Xu Chengling (1730-1803) dans son « Note du Pavillon Tingyu » (Tingyu Xuan Biji) comme suit :

Un homme nommé Wan Shuichang du Jiaxing est né avec d’excellentes capacités physiques. Il étudia la boxe avec le moine Shaolin Guyun et devient fameux dans les provinces du Jiangsu et du Zhejiang pour ses aptitudes martiales. Il se nommait lui-même « le seigneur de 10 000 hommes » Des centaines de personnes furent enseignées par celui-ci.

Ces voyageurs et leurs attitudes posaient problème. Pour palier à ce phénomène, l’état promulgua une loi imposant à chaque moine d’être dans l’obligation de posséder un certificat et d’être répertoriés. Malgré cette réforme, le phénomène continua et les monastères continuèrent d’accueillir, de nombreux « moines » mendiants (bandits recherchés, voleurs, truands…) ne se pliant pas à cette règle. Leur nombre dépassait grandement le nombre de moines enregistrés. 

On peut imaginer qu’il s’agissait pour certains d’entre eux d’anciens Seng Bing profitant du respect de la population vis-à-vis des moines réguliers.

L’exemple de Lu Da

Voici le féroce Lu Da! Bandit des Monts, des Rivières et des Lacs 

Ce phénomène devait être connu et suffisamment répandu à l’époque au point que de nombreux ouvrages (wuxia, littérature romantique classique martial) dépeignirent ce dernier type de moines errants dans leurs nouvelles. Le personnage le plus représentatif est certainement le moine Lu Da, figure emblématique, du roman « Shi Nan Hai » les 108 brigands de « Au bord de l’eau » datant de la dynastie Ming (1368-1644). Lu Da, rebaptisé Lu Zhi Shen « Sagesse Profonde » était un chef de garnison au caractère belliqueux connu de son état. Après avoir tué à mains nues un boucher retenant une jeune femme et son vieux père en otage, Lu Da a fui l’état et sa responsabilité, joignant non sans déconvenues le monastère du mont Wutai (Montagne ayant réellement abrité des communautés de moines guerriers). De son passage au temple, il dû prendre l’habit, faire les vœux et se raser la tête. Ne se sentant pas à sa place, il créa à de nombreuses reprises toutes sortes d’incidents, se comportant de façon horrible, ronflant durant les séances de méditations, se saoulant à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur, s’échappant au village, se battant avec ses coreligionnaires, dévastant le temple… avant de se faire envoyer dans un autre temple de la province du Henan. Bien entendu, « Sagesse Profonde » avait le sens de la justice et il défendit encore à plusieurs reprises des opprimés.

Comme toute bonne histoire se termine par une fin heureuse, (en tout cas en ce qui le concerne dans ce roman) il finit par se convertir totalement, devint un moine régulier et trouva l’illumination du bouddha à la fin de sa vie.

Encore un personnage bien attachant n’est-il pas ?

Finalement, nous pouvons constater grâce aux nouvelles datant d’aussi loin que la dynastie Ming que ce type de personnages / problèmes étaient globalement bien connus de la population, et ce, depuis longtemps. Sinon, pourquoi les dépeindre si souvent ?

Aller.. encore un ptit coup de "Sagesse Profonde"


L’exemple de Jet Li dans le film « Le temple de Shaolin »

Nous avons un second excellent exemple de ces « moines sauvages », incarnés par Jet Li dans le film « Le Temple de Shaolin » sorti en 1982. Film qui, soit dit en passant, a relancé la mode Shaolin comme vous le verrez dans la seconde partie.

Ici, Jet Li et ses coreligionnaires s’autorisent à briser les règles quand bon leur semble, ils boivent du vin, consomment de la viande et ne montrent un intérêt quasi unique que dans la pratique martiale. Bien entendu, la violence et leur comportement déviant essaient de se justifier au long des péripéties rencontrées, mais leur volonté à lutter contre les tentations ne se fait pas féroce. Le film va même  tirer le trait jusqu’à l’instructeur de boxe des moinillons, acceptant finalement lui aussi dans une scène mythique une bouchée de viande de chien, avançant que « si bouddha est dans le cœur », ces actes n’ont pas vraiment d’importance. Nous pouvons également voir à la toute fin du film l’abbé en second du temple, crier à ses moinillons « tuez les, ils le méritent ! » lorsque les soldats ennemis envahissent le temple ; donnant l’ordre (justifié ou pas) d’utiliser la violence à son point le plus extrême.

Conclusion

Que ce soit en Chine, au Tibet ou au Japon, même combat. Faites vos propres recherches sur les moines guerriers, les Sohei, l’équivalant japonais des Seng Bing, ainsi que les Dob Dob pour l’équivalent tibétain et vous trouverez par vous-même maints et maints récits allant dans le sens de cet article. Des sinologues, historiens et universitaires de Cambridge, Tel Aviv… corroborent ce que j’avance.

Voici donc pour la première partie de la découverte des Seng Bing. La seconde partie, je le rappelle, sera extrêmement explicite, apportant des événements datés sur l’utilisation des moines de Shaolin au combat par les forces dynastiques, des témoignages écrits des comportements de ces mêmes moines, leurs diverses pratiques et les procédés auxquels ils pouvaient recourir.

Sources à la base de cet article ou lien pour aller plus loin :

En Français :
  • José Carmona : « De Shaolin à Wudang » 1999
  • Bernard Faure : « Bouddhisme et violence » 2009
  • Paul Démièville : « le Bouddhisme et la guerre » 1957
  • Shi  Nai’An : « Au Bord de L’eau » 1550


En Anglais :
  • Ben Judkins : « Chinese Martial Art Study »
  • Tory Ellarson : « Tea Serpent »
  • Meir Shahar : « Ming Period Evidence Of Shaolin Martial Practice» 2001
  • Meir Shahar : « The Shaolin Monastery History Religion and the Chinese Martial Arts » 2008
  • Peter A. Lorge : « Chinese Martial Arts » 2012          Stanley Henning : « Chinese Combative Tradition»
  • New York Time : Article du 11 septembre 1983
  • De Lu Zhouxiang : Politics and Identity in Chinese Martial Arts
  • Kai Filipiak : Civil-Military Relations in Chinese History: From Ancient China to the Communist   Takeover (Asian States and Empires)
  •  Melyvn C. Goldstein ‘A Study of the Ldab Ldob‘ Central Asiatic Journal 1964


En Chinois :
  •  Shi Deqian : The Encyclopedia of Shaolin Martial Arts (少林寺武術百科全書: shaolin si wushu baike quan shu, aka 少林武大全: shaolin wushu da quan),compilé par le moine Shi Deqian, au Temple de Shaolin 1995
  • Tang Hao 唐豪 :  Shàolín Wǔdāng kǎo 少林武當考 1930
  • Chéng Zōngyóu 程宗猷 : (c. 1621). Exposition of the Original Shaolin Staff Method 少林棍法闡宗 Shàolín Gùnfǎ Chǎnzōng (in Chinese)
  • Wu Shu : Record of Arms 17ème siècle



vendredi 1 juin 2018

5ème ouvrage de la collection sur les armes: Le sabre de Yan Qing

  J'ai l'immense plaisir de vous informer de la sortie de mon dernier ouvrage, "Le sabre de Yan Qing".

140 pages et 205 illustrations

   
Comme à l'habitude, forme et applications sont au menu, histoire de la forme présentée et de l'arme depuis ses origines.

Au sujet du titre:

Yan Qing, surnommé la "Jeune Hirondelle" est un des bandits du célèbre roman classique chinois, "Au Bord de L'Eau".

Spécificité de l'ouvrage, dû à l'immense histoire de l'arme, j'ai également présenté les différents styles de montures, décrit 15 sabres militaires et civiles en donnant les dates d'utilisation, leur formes, les différentes gardes existantes, pommeaux, types, cordages, fourreaux, etc...

Je présente dans l'ouvrage également 10 de mes sabres antiques avec leurs poids, mesures et âges. Une typologie complète comme jamais cela n'avait été fait auparavant en français. Les publications sur le sujet en anglais ne traitent à ma connaissance que des sabres militaires. J'ai réellement tenté de donner une vision du sabre chinois la plus large possible.

Ce fût un énorme travail de recherche, des années de passion, des mois d'écriture et là.. de longues semaines de patience dû à des problèmes techniques en rapport à la vectorisation de dessins. Finalement, nous sommes rendu!

Un grand merci à mes élèves David Griver  et Léa Michaud pour leur aide infini.


Je peux avancer sans aucun complexe que cet ouvrage restera une référence dans le monde des arts martiaux chinois français.