Le cas du temple de Shaolin du Henan
Fresque murale témoignant de la pratique martiale des moines à Shaolin. 19ème siècle |
Suite à la première partie dans laquelle je
décrivais ce qu’étaient historiquement les moines soldats, leur comportement et
leur rapport au bouddhisme, je vais maintenant traiter du cas de Shaolin.
Je voulais commencer en précisant que mon but
n’était pas de brûler (au sens figuré) le temple de Shaolin une énième fois. Je
dois bien confesser que je fus moi aussi, un inconditionnel de Shaolin dans ma
prime jeunesse.
Je me souviendrai éternellement de la première fois que je vis
les moines en action, au tout début des années 90. Je me trouvais devant la
télé, sur la page mosaïque présentant dans des carrés minuscules les chaines du
câble auxquelles nous ne pouvions accéder. Je fus subjugué par ce que je vis ce
jour-là. Des moines, têtes rasées, vivant dans un monastère reculé, pratiquant
les prières et la méditation mais également capable de prouesses qui me
paraissaient surhumaines. Qu’est-ce que c’était que cela ? Incroyable,
magique… Lors de mon cours de Taiji Quan suivant, j’apprenais de mon professeur
qu’il s’agissait des moines bouddhistes de Shaolin. Je devins à partir de ce
jour leur plus fervent admirateur. Je collectionnais alors tous les articles,
livres, représentations possibles les concernant. Mon but était alors d’aller
m’entrainer là-bas, au temple, pour une période d’une année complète. Je
voulais devenir moine guerrier.
J’avais alors 13 ans, j’écrivis avec l’aide de
ma mère une lettre au consulat chinois afin de leur demander la marche à
suivre. Vous savez quoi ? Ils me répondirent ! Dans un français
approximatif mais très amical, ils m’expliquèrent qu’ils ne pouvaient pas me
renseigner mais trouvèrent cela hors du commun et saluèrent mon courage.
“-
Non mais attendez, vous n’avez pas compris… moi je m’en fiche des
politesses ! Je veux m’y rendre, donnez-moi une solution !“
Finalement,
la maturité et l’expérience des années qui suivirent me firent renoncer à
l’expérience. Je compris ce qu’était devenu Shaolin et que mon chemin serait ailleurs. Si bien que
j’ai d’ailleurs attendu plus de 15 ans de voyages en chine à raison au minima
de deux fois par an avant de partir visiter le temple de mes rêves d’enfant.
Mon intérêt était ici encore, ailleurs. Je dois maintenant confesser que durant
les années qui suivirent, j’ai ressenti une sorte d’aversion (je sais, le mot
est dur) envers Shaolin, ses moines et ses pratiques. Sachant d’ores et déjà
que l’art martial y avait été recréé, je n’y voyais qu’une farce organisée pour
les touristes. Puis, suite à une de mes visites, l’intérêt pour ces pratiques
originales mais surtout le comportement historique de ces moines ont fait
renaître en moi une affection enfouie.
Voici
ma petite histoire pour vous introduire mon intérêt à l’égard du temple. Avant
que vous ne lisiez ce qui suit, je tiens à préciser que les recherches que j’ai
menées sont impartiales et historiques. Les faits, sont les faits, et si mes
commentaires et conclusions sont abruptes, n’y voyez rien de personnel, je fus
moi-même, à un moment donné, le plus grand fan du « Premier monastère sous
le ciel »…
Alors pourquoi avoir choisi de traiter de
Shaolin ? Je ne pouvais pas en toute objectivité faire l’impasse. Shaolin
étant le plus documenté de tous les temples ayant abrité des Seng Bing, j’ai
donc décidé de l’exposer dans un article séparé et par là-même, d’en décrire
les pratiques et mythes popularisés outrageusement. Je vais tenter d’en dresser
un portait clair, au plus près de la réalité mais en même temps, bien loin du
romantisme que la tradition orale veut bien lui prêter.
Commençons…
Le
cas de Shaolin doit être pris
différemment selon les diverses périodes de sa riche histoire. Sous les Tang,
les Ming et les Qing les choses ne furent pas exactement les mêmes. Je vais
donc commencer par développer l’histoire générale chronologiquement, dynastie
après dynastie. Présenter les grands écrits et périodes importantes, les
évènements marquants et les pratiques ayant eu lieu sur les terres du temple
tels que relatés par les différents visiteurs militaires et civils tout au long
de son histoire.
En
fin de chaque période, je dresserai un petit résumé ou approfondirai certains
faits.
Je
traiterai ensuite séparément de sujets précis qui méritent d’être soulignés ou
plus approfondis avant d’en établir ma conclusion.
Sous les Tang (618-907)
- Le premier
exploit des « moines guerriers » est attesté sur une stèle datée de
728. Ceux-ci auraient repoussé une attaque de bandits tentant de faire main basse sur le monastère en 610
(toute fin de la dynastie Sui).
- Le premier exploit militaire au service de l’état est quant à lui daté de 621, lorsque les
"moines" défendirent leurs terres qu’un seigneur de guerre du nom de
Wang Shichong tentait de saisir. En réaction, les moines guerriers s’allièrent
à l’ennemi de Wang, prêtant main forte à l'empereur montant Li Shimin dans la
bataille de Hulao. Leur fait d’arme contribua à la victoire de Li Shimin dans
ses efforts de sécurisation de la ville de Luoyang. Le nouvel empereur Tang
gratifia alors le monastère de titres honorifiques militaires et d’une stèle
signée de sa main, plaçant le temple sous protectorat de l’état. Le monastère
gagna ainsi ses titres de noblesses qui ne le quitteront plus.
Stèle signée de Li Shimin |
Cela soulève la question suivante :
quelle pratique était dispensée au monastère à cette période ?
La vérité
est qu’aucun historien n’en a la moindre idée/preuve. Il n’existe pour ainsi
dire rien de ce côté-là. Compte tenus des faits militaires, il est certain qu’une
pratique martiale y fut dispensée, mais aucune trace d’aucune sorte n’en
mentionne rien de concret. Ceci dit, en
connaissance du développement des arts martiaux chinois, on peut aisément
déduire qu’il s’agissait certainement
d’une pratique martiale au sens militaire du terme ; du combat en
formation et majoritairement (voire exclusivement) l’utilisation des armes.
Il faut savoir que les seuls textes
disponibles, mentionnant l’art de combat des moines de Shaolin furent écrits
des siècles plus tard. Ces textes attribuaient l’invention et l’enseignement
des techniques de bâton à la divinité Vajrapani (Jin Na Luo en chinois)… Ok…
D’un point de vue mystique, c’est très intéressant. D’un point de vue
substantiel sur la détermination historique de la pratique… bien moins.
Durant les dynasties Song et Yuan
Aucun
texte ne fait allusion aux pratiques martiales ou militaires de Shaolin, alors
que nous savons que des forces armées monastiques du mont Wutai prirent, elles,
part à diverses batailles conte l’envahisseur Jin. Donc, à priori en termes de document, rien
durant près de 800 ans. Également aucun rapport gouvernemental sur une
quelconque participation des moines soldats dans des affaires militaires à la
solde de l’état durant cette même période. Ceci ne révèle pas qu’aucune forme
de pratique martiale n’ai été pratiquée au monastère, mais cela met en évidence
d’aucune preuve corroborant une pratique
continue vieille de 1500 ans.
-
1356 le temple
fut détruit par les « Turbans Rouges ». Entre 1356 et 1359 le temple
est complètement abandonné. Fait démontrant qu’aucune force armée n’est à ce
moment-là en place dans le monastère ou qu’aucun art martial n’y est pratiqué
sérieusement.
Sous les Ming (1368-1644)
Sous
les Ming, une nouvelle ère s’ouvre à Shaolin. On peut clairement parler d’âge
d’or des exploits militaires du temple. La majorité des évènements politiques
et militaires se situent ici.
A
partir du début du 16ème siècle les moines s’illustrent dans des
batailles contre des bandits au Henan, puis dans des campagnes de provinces
voisines pour la solde du gouvernement.
- 1510 Contre le
bandit Liu Liu
- 1520 Contre le
bandit Wang Tong
- 1522 Campagne au
Yunnan pour le gouvernement
- 1522 Campagne au
Shandong pour le gouvernement
- 1548 Dans
l’épitaphe de Sanqi Yugong il est notifié que des Moines Guerriers de Shaolin
occupent des places officielles aux frontières du Shanxi et du Shaanxi
- 1552, 55 moines
Shaolin prennent part au combat contre le bandit Shi Shangzhao
- 1553, 1ère
bataille à Hangzhou contre les pirates Japonais en coalitions d’autres
moines guerriers provenant de temple de Hangzhou.
- 1553 Bataille
contre les pirates Japonais au port Wenjia
- 1553 Bataille
contre les pirates Japonais à la « Plage du sable Blanc »
- 1554 Bataille
contre les pirates Japonais dans la ville de Yexie
- 1554 Bataille
contre les pirates Japonais à Majabang
- 1555 Bataille
contre les pirates Japonais au pont de Liuli
- 1555 Bataille
perdue contre les pirates Japonais à Chaomen
- 1560 Le général
Yu Dayou visite Shaolin et défait facilement 10 des moines du temple au bâton.
Il est déçu et clame que Shaolin a perdu la science de guerre pour laquelle il
était connu.
- 1562 Le général
Qi Jiguang décrit dans son ouvrage le Ji Xiao Xin Shu que le bâton de Shaolin
est le plus renommé de Chine.
- 1568 L’adviseur
Zheng Ruoceng publie l’ouvrage « 1er victoire des armées
monastiques » (Seng Bing Shoujie Ji) décrivant les faits de guerre des
moines et le comportement ultra violent de ceux-ci.
- 1595 Wang Shixing
fait un rapport accablant à la cour dénigrant l’attitude des moines de Shaolin.
- 1595 Le superintendant
de Shaolin en charge de la discipline monastique grave une stèle formulant
explicitement que les moines au comportement inapproprié mis en place au
monastère, seront punis à hauteur de leurs méfaits.
- 1610 Visite de
Cheng Zong Yu, écrivant le premier manuscrit sur les pratiques des moines de
Shaolin et spécialement sur le bâton, le Gun Fa Cang Zong.
- 1630 Le magistrat
du Henan emploie les moines pour curer certains troubles dans la province du
Henan et pour instruire son armée personnelle. Ils ne gagnent qu’une bataille
et sont exterminés par la rébellion des Musulman Hui (Lao Hui hui) de Ma
Shouying.
- 1641 Destruction
du temple par le seigneur de guerre Li Zicheng.
Nous
voici au milieu du 16ème siècle, l’apogée de la pratique martiale
Shaolinesque.
L’état Ming décide
d’utiliser des moines guerriers afin de palier à leur faiblesse militaire
grandissante. Les pirates Japonais font des raids extrêmement violents sur les
terres chinoises via la province du Zhejiang depuis de nombreuses années et le
gouvernement n’arrive pas à y mettre fin de façon définitive. On envoie donc
des forces paramilitaires en renfort, des milices de bonzes guerriers afin de
prêter main forte. L’utilisation des moines guerriers s’avère être efficace,
même si en réalité, les victoires ne permettaient d’anéantir que quelques
centaines de pirates. ; Shaolin n’étant pas la raison de la défaite des
pirates, qui était due en réalité aux efforts du général Qi Jiguang.
Cette
aide plaça Shaolin, pour la seconde fois de son histoire, sous patronage et protection
du gouvernement. Shaolin envoyait des troupes chaque fois que l’état le
demandait et en contrepartie le monastère pouvait bénéficier d’arrangements
divers, d’exemption de taxes, et d’une relative tranquillité dans la gestion de
ses affaires politiques et sociales avec le gouvernement de la province du
Henan.
La
réputation de Shaolin produisant des guerriers invincibles était née. A ce
moment-là, de nombreuses personnalités tout aussi bien martiales que civiles
visitèrent Shaolin. Ce qu’ils nous en rapportent est très variable selon les
périodes, et quelquefois à seulement quelques dizaines d’années d’intervalle.
Nous avons par exemple les rapports suivants :
- Gong Nai,
vice-ministre des rites de l’académie impériale sous le règne de Wanli
(1573-1620) offrit une description de Shaolin dans un poème après être passé au
monastère :
J’ai voyagé par la
vallée Xuanyuan au Mont Song durant le festival de la mi-automne et ai visité
Shaolin le matin très tôt. Le monastère est comme un camp militaire, les moines
assemblés dans la cour se tiennent comme des guerriers. Ils retirent leurs
robes et remontent leur manche, on peut voir la suprême confiance dans leurs
yeux. Etc… ajoutant
nombre de formules imagées pour décrire les prouesses physiques des moines.
-
Le conseiller d’état Zheng Ruozheng décrit dans son recueil de 1568 :
« Victoires des armées monastiques » (Sengbing Shoujie Ji),
l’affrontement ayant eu lieu entre le moine Tian Yuan de Shaolin et un groupe de
moines d’un temple de Hangzhou (confère à la découverte des Seng Bing partie 1).
Ensuite
il présente la formation d’une unité de moines comme suit : 2 soldats
lanciers suivis par des soldats armés de bâtons de fers et de hallebardes. A
droite et à gauche, un arbalétrier et un utilisateur d’arme à feu (non
précisé).
Puis,
s’en suit la description de la bataille qui allait coûter la vie à 160 pirates
japonais :
Le
capitaine Wuji lança l’assaut criant le nom de bouddha 3 fois, puis cria TUER
TUER ! Les moines soldats attaquèrent de leurs lances crochets et les
archers tirèrent. Les moines armés de bâtons de fer suivirent tuant les pirates
ayant été mis au sol par les lances crochets, suivant ceux-ci par des moines
armés de sabres. Les ennemis voulurent se défendre des lanciers, mais furent
pris par les flèches. Nombreux furent mis au sol par les lances crochets, ne
pouvant protéger leurs jambes. Les moines couvrirent leurs visages avec de la
peinture bleu portant également des écharpes rouges. Les pirates furent
effrayés, pensant que les moines furent envoyés par le bouddha. Les arbalètes à
gauche et droite firent feu. Tous les pirates furent défaits.
Il
termine par décrire le comportement d’un moine ayant poursuivi et tué
sauvagement de son bâton de fer une femme de pirate japonais qui tentait
d’échapper au massacre.
- Vers la fin des Ming, la province du Henan
souffrait d’une famine extrême et des problèmes économiques sérieux. A la cour,
Wang Shixing (1547-1598), est très mécontent.
Dans son ouvrage intitulé Yu zhi
I, (Rapport du la province du Henan) (1595) il est fait mention : Quant
à Shaolin, seuls les moines itinérants, qui viennent de loin, y conservent les
règlements bouddhistes convenant à un monastère. Les moines du Henan n’ont
aucun certificat d’approbation, les bandits se rasent aussi fréquemment la
tête, changent d'apparence et rejoignent l'ordre monastique. Une fois leurs
problèmes terminés, ils redeviennent laïcs. Peu importe qu'ils soient
sédentaires ou itinérants, vous ne trouverez pas un moine sur cent qui ne boit
pas de vin ou ne mange pas de viande. Ils ne sont intéressés qu’en la pratique
de la boxe et du bâton.
Nous
retrouvons ici nos Seng Bing bien aimés :)
Lu Da aka "Sagesse profonde" la personnification des Seng Bing dans le roman "Au bord de l'eau" |
Sous les Qing (1644-1911)
- 1644 Début de la
dynastie Qing
- 1659 Visite de Gu
Yuan Wu qui décrit qu’il ne trouve que quelques moines et que leur niveau n’est
« pas meilleur que celui de mendiants de rue »
- 1678 Visite de
l’historien et expert martial Wu Shu qui déclare dans son ouvrage le Shou Bi
Lu, que la pratique au bâton est bonne, mais rapporte la mauvaise utilisation
de la lance (dans laquelle lui-même est expert). Il indique que les moines
utilisent les lances y appliquant des techniques de bâtons.
- 1700 Visite de
Wangjie gouverneur du Henan décrit qu’aucun art martial n’est pratiqué à
Shaolin
- 1739 L’officiel
Mongol Yaertu rapporte à l’empereur Qian Long que Shaolin est coutumier d’actes
de violences et que le nombre de ses moines augmente avec l’ajout de criminels.
- 1775 L’empereur
Qian Long interdit l’utilisation des moines guerriers par le gouvernement local
de la province du Shandong déclarant que le bouddhisme était l’unique pratique
acceptable du temple.
- 1784 Cao Huandou
décrit dans son ouvrage le « Classique de la boxe » (QuanJing Quan Fa
Bei Yao) que les moines de Shaolin pratiquent la boxe des 8 immortels ivres, la
boxe du singe, la boxe Mi Quan (Mizong Quan), le Mei Hua Quan et la boxe courte
de la famille Yu.
- 1828 L’officiel
Lin Qing visite Shaolin et décrit les moines comme étant « agiles comme
des oiseaux et forts comme des ours »
- 1830 Le magistrat
He Wei fait un rapport à la cour décrivant l’attitude des moines de Shaolin
comme suivant : Des fêtes d’ivrognes, des jeux d’argents, ayant une
sexualité offensante, ayant des relations avec les criminels de tous bords. Il
demande des punitions sévères.
Nous
pouvons maintenant constater que sous les Qing, la pratique martiale ainsi que
la réputation de ses moines est littéralement en dents de scie. Le monastère fut déserté, puis réhabilité,
l’art martial semble y avoir disparu, puis réapparu. Il semble également avoir
perdu en efficacité avant d’être encensé de nouveau. La pratique martiale y fut
interdite sous le règne de Qian Long, puis, tolérée de nouveau… Le comportement
des moines durant les périodes plus fastes n’a guère changé et les rapports
gouvernementaux les décrivent toujours avec le même dédain.
L’ère républicaine
- 1928 Destruction majeure
du temple par les troupes du seigneur de guerre Shi Yousan. La bibliothèque n’a
pas survécu à l’incendie.
- 1936 Visiteurs
étrangers décrivent un temple vide
- 1966 Destruction
et violences prodiguées par les troupes communistes
- 1976 Le
gouvernement place sous la juridiction d'un minuscule département intitulé
wenwu baoguan (gestion des guerriers universitaires), contrôlant le temple et
n’allouant aux moines aucun acte religieux régulier.
- 1978 Un an après
la mort de Mao, le parti communiste rétablit le droit de liberté religieuse.
- 1982
Réaménagement du temple avec l’appui du gouvernement suite au film de Jet Li
« Le temple de Shaolin ».
- 1985 Ouverture de
la première école soutenue par le gouvernement, la « Shaolin Wushu
Xuexiao »
- 1986 Shi Xing
Zheng est promu officiellement abbé du monastère. La première fois depuis 335
ans. Il décèdera l’année suivante.
- 1988 Ouverture de
la première école gouvernementale, la « Songshan Shaolin wushuguan »
- 1989 Première
équipe de démonstration internationale fut créée.
- 1999 Le
« Directeur Général » Shi Yongxin est (malheureusement) promu abbé
officiel…
Durant
l’ère moderne, s’étalant de la période républicaine (1911) à nos jours, le
monastère a souffert d’abandon puis, de réhabilitation.
Il
a vu se succéder différents moines à sa tête, des abbés honoraires, jusqu’à
l’avènement de Shi Xing Zheng (1914-1987), premier abbé officiel depuis 335
ans. En effet, durant l’ère républicaine, Shaolin possédait un abbé honoraire
nommé Shi Zhenxu (1893-1955). Suite à l’incendie de 1928, le moine Shi Dechan
(1907-1993) prendra la tête du monastère jusqu’à l’ordination de Shi Xing
Zheng. Ce dernier décéda tout juste un an après sa sacralisation, laissant la
place à Shi Suxi (1924-2006), encore une fois abbé honoraire. La promulgation du
dernier abbé Shi Yongxin ne se fera qu’en 1999, donnant à Shaolin, un nouvel
abbé officiel.
Brûlé une première fois en 1928, puis, mis à
sac par les gardes rouges dans les années 60, la population de ses moines fut
dissipée jusqu’à pratiquement
disparaître.
Dans
un article du New York Times du 11 septembre 1983 “Of Monks and Martial Arts”,
le journaliste Christopher Wren recueille sur les terres du temple, le
témoignage d’un vieux moine du nom de Fu Yun. Ce dernier
avance que lorsqu’il joignit le temple en 1930, la population des moines était
de 300, qu’ils pratiquaient le Wushu 6h par jour en dehors des séances de
méditation et que le but de la pratique était de les garder en forme. Il quitta
le temple pour retourner travailler aux champs en 1949 et revint au monastère
après la révolution culturelle lorsque le parti communiste adopta une plus
grande tolérance des pratiques religieuses. Il confesse également que les
visiteurs sont désappointés d’apprendre en arrivant que les moines ne
pratiquent plus le Wushu et que lui-même, dans sa soixantaine peut toujours
pratiquer mais avoue-t-il : « - plus vraiment bien ».
Selon
les archives officielles du temple de Shaolin, la population monastique étant
restée durant la révolution culturelle s’élève à seulement 13 moines, 90% des
moines étant retournés dans leurs campagnes d’origines ou s’étant cachés dans
les collines environnantes.
Après
1982, la sortie du globe Buster « Le temple de Shaolin » marquera le
renouveau de Shaolin. A ce moment-là, les arts martiaux ont perduré tant bien
que mal en dehors du monastère, dans des villages alentours. Ils continuaient
d’être pratiqués par une poignée de vieillards se souvenant ce qu’il pouvait
des boxes apprises dans leur jeunesse avec des moines.
Les
écoles commencèrent à pulluler tout autour de Shaolin mais aussi et surtout,
dans la ville proche de Dengfeng. Trois équipes de démonstrations virent le
jour et démarrèrent les tournées internationales. Equipes faites de faux moines
pour la plupart.
Nous
arrivons maintenant à notre époque, avec ce que nous connaissons du Shaolin
d’aujourd’hui. Le temple est à nouveau supporté par le gouvernement et vit la
seconde période la plus faste de son histoire. Bien sûr, ce support comporte un
revers de médaille. Maintenant, des flots de touristes incessants foulent son
sol, nous y rencontrons des moines armés de rolex et de téléphones portables,
des scandales sexuels, un abbé richissime… mais également, quelques anciens
moines du début des années 80 tentant de sauver les apparences et par là-même,
les techniques du fameux « premier monastère sous le ciel » … du
peu de ce qu’il en reste.
Les soubresauts de l’histoire
Comme
vous avez pu vous en rendre compte, l’histoire de Shaolin ne fut pas un long
fleuve tranquille. En véritable dent de scie, tantôt porté en estime par le
gouvernement, comme sous les Tang, les Ming ou dans l’ère moderne, tantôt
oublié, comme sous les 3 dynasties suivantes. Il fut supporté, puis oppressé, à
maintes reprises. Il gagna définitivement ses lettres de noblesses sous les
Ming, jouissant d’une réputation d’incroyables combattants, mais de piètres
bouddhistes. L’art martial y fut d’un haut niveau, puis, y disparut, réapparut continuellement.
La pratique y fut admise, supportée puis interdite avant d’y être à nouveau
supportée.
Comment était perçu le temple de Shaolin par les autorités ?
Il
y eut deux périodes durant la période Ming. Sur la première moitié de la
dynastie, le monastère a bénéficié majoritairement de l’appui gouvernemental,
faisant de celui-ci un nid à combattants dans lequel il pouvait puiser quand
leurs forces militaires étaient en déroute.
Le Bouddhisme et l’entraînement
militaire étaient très largement acceptés et même favorisés. Le temple fut
considéré et utilisé comme formateur de soldats à tel point que dans son
manuscrit militaire, le général Yu Dayou lui-même traite les moines comme étant
des confrères.
Cette période faste, fournissant de la chair à canon à l’armée
Ming marqua définitivement deux aspects largement encore répandus aujourd’hui.
1 :
Le lien entre Shaolin, pour toujours loyal à la dynastie Ming.
2 :
La réputation d’invincibilité de ces moines guerriers.
La
seconde moitié de cette même dynastie sera plus équivoque, le gouvernement
utilisant moins les armées monastiques, mais déplorant les attitudes déviantes
de ses moines.
Sous
les Qing, Shaolin malheureusement fort de cette réputation férocement associée
à la dynastie Ming, ne jouira pas de la même réputation martiale aux yeux de la
cour. L’état Qing restera suspicieux envers Shaolin sur les 300 ans de son
règne n’allouant pas à Shaolin le droit de posséder une quelconque armée, par
peur de rébellion et d’association avec les sectes révolutionnaires (tout le
monde connait l’adage, « A bas les Qing, restaurons les Ming » scandé
par les sectes révolutionnaires tentant de renverser l’envahisseur Qing et de
restaurer le pouvoir Ming). L’état tolèrera semble-t-il tout de même la
pratique de divertissement.
De
confession majoritairement bouddhiste les Qing supporteront la pratique du
bouddhisme. En témoigne toujours la plaque d’accueil au-dessus de la porte
d’entrée du temple, calligraphiée de la main même de l’empereur Kangxi, second
empereur de la dynastie Qing.
Plaque originale calligraphiée de l'empereur Kangxi, photo des année 20 |
Sous
l’ère républicaine le temple tombe en désuétude, le gouvernement ne porte
aucune attention au monastère et finit même par le persécuter. Puis, après la
chute de Mao, l’état comprend bien que Shaolin peut être une source sérieuse de
revenus via le tourisme et réprouve toutes ses pratiques… sous contrôle.
Le
monastère possède aujourd’hui l’appui inconditionnel du gouvernement.
Shaolin ne formait-il uniquement que ses petits moinillons ? Et
l’enseignement se faisait seulement de maître à disciple au sein de la
Shanga (communauté monastique) ?
La
réponse est clairement non. Des paysans et des visiteurs extérieurs se
joignaient aux entraînements. Des laïques, enseignants d’arts martiaux
ouvrirent des écoles dans l’enceinte et l’extérieur plus ou moins proche du
monastère. Des militaires ont également contribué à l’apport martial et à
l’enseignement.
Comme
je le citais dans « à la découverte des Seng Bing partie 1 », les
temples bouddhistes de grandes et moyennes tailles étaient riches, organisés en
clergé, régnant sur des terres, et possédaient une influence politique
certaine. C’était également le cas de Shaolin qui fut considéré comme un des
monastères les plus importants du pays. De nombreux temples subsidiaires
entouraient le temple. Ils appartenaient au monastère et étaient également le
lieu d’entraînement de tous types de personnes extérieures au temple.
Selon
les sources du temple, le monastère eut le pouvoir au plus haut de sa puissance
sur 25 temples subsidiaires. Nous parlons également d’une population de 3000 moines
résidents et plus de 800 dans ses temples auxiliaires. Aujourd’hui, le
monastère règne toujours sur 10 temples comptant une population totale de 150
moines.
Durant
la période républicaine et le passage au régime communiste, il ne faisait pas
bon être moine ou pratiquant d’arts martiaux. La majorité des enseignements de
Shaolin se firent là aussi, à l’extérieur du temple, dans les villages
environnants par des vieillards ayant appris la boxe avec des moines dans leur
enfance.
Pouvons-nous donc considérer comme beaucoup le pensent, que
l’enseignement du temple peut être tracé à partir de son origine, sans
discontinuité et prendre le curriculum moderne de Shaolin comme étant celui des
origines ?
La
réponse est assurément non. Lorsque la tradition des moines guerriers de Shaolin,
fait remonter ses pratiques à la création du temple il y a de cela 1500 ans, la
réalité est qu’à plusieurs reprises dans son histoire, la pratique y fut
stoppée. L’art martial a évolué, s’est perdu, est réapparu grâce aux apports
extérieurs.
Alors
finalement quelle était la pratique originelle de Shaolin ?
Il
est extrêmement difficile de répondre à cette question. Il n’y a pas eu qu’un
simple et unique style enseigné à Shaolin. D’ailleurs, lors des recherches de
lignées d’enseignements de maîtres à disciples, nous pouvons constater que
durant des périodes identiques, les jeunes moines étaient disciples de maîtres
différents ; ils pratiquaient donc des enchaînements issus de boxes
différentes. Nous pouvons également constater qu’il y eut au temple de nombreux
styles très divers enseignés durant les mêmes périodes.
Au sujet du bâton
Manuscrit du bâton de Shaolin de Cheng Zong You |
La
dynastie Ming vit apparaître la littérature martiale. Nous avions pour la
première fois des manuscrits représentant des sections de formes et des schémas
décrivant les directions des déplacements. Ces premiers manuscrits décrivaient
majoritairement des techniques d’armes. Personne à ce moment-là ne se
préoccupait réellement de la pratique à mains nues, Shaolin ne semblant pas en
être réputé.
Les
premières traces écrites de pratiques martiales au monastère concernent le
bâton. En 1560 le général Yu Dayou visite Shaolin pour la réputation des moines
dans la pratique du bâton. Il demanda une démonstration et fut très
désappointé. Il défia alors les moines lui-même et défit facilement 10 d’entre
eux au bâton. Il est déçu et clame que Shaolin a perdu la science de guerre
pour laquelle il était connu. Il précise dans son ouvrage de 1565, le « Traité d’épée » Jian Jing 劍經 (qui étrangement
traite de la pratique du bâton) qu’il repartit avec deux moines de Shaolin du
nom de Zongqing et Pucong afin de leur enseigner ses techniques de bâton. Les
deux moines restèrent avec lui 3 ans avant de repartir enseigner les techniques
de Yu Dayou à leurs coreligionnaires. La routine du général portait le nom de
« Intercepter les 5 tigres ».
Un
autre général de la même période, collègue du Général Yu, le Général Qi Jiguang
mentionne dans son ouvrage le Ji Xiao Xin
Shu publié en 1561, que le bâton
des moines de Shaolin est très réputé (réputation qui semble antérieure au
passage de Yu Dayou). Il ne décrira lui aussi aucune pratique à mains nues.
Le
premier manuscrit sur la boxe Shaolin connu est le Shaolin Gunfa zanzong (technique de bâton également, mais qui
mentionne l'intérêt croissant des moines à cette époque pour les techniques de
boxe qu’ils tentent « d’élever au niveau de leur technique de
bâton »). Manuscrit écrit en 1616
par un civil passionné d’arts martiaux nommé Cheng Zongyu (1561-1636). Ce
dernier passa 10 ans à Shaolin pratiquant avec trois maîtres différents les
techniques de bâton. L’un de ses maîtres se fera tuer au champ de bataille.
Il
décrit les enchaînements : petit
Yecha, grand Yecha, Yin Shou, Chuansuo (routine à pas libre) et Paigun (routine combinée de deux personnes). Le seul problème de
cet ouvrage est que Cheng Zongyu prétend que les moines furent instruits par
une divinité venue les sauver...
Un
autre texte décrit les pratiques de Shaolin comme étant simplistes, il s’agit du
Shoubei Lu de l'auteur Wu Shu écrit
en 1662. Wu Shu est un spécialiste
de la lance et il avance que les moines de Shaolin articulent la lance d’une
mauvaise façon, à la manière du bâton. Mais il décrit le bâton lui-même comme
étant très efficace. Il s’agira en fait de la forme apporté 100 ans avant par
le général Yu Dayou : « Intercepter
les 5 tigres ».
Ceci
laisse penser qu’il a subsisté dans l’enseignement du temple au moins deux
écoles de pratique du bâton, celle de
Shaolin décrite par Cheng Zongyu et celle laissée par le Général Yu Dayou.
Mains nues
Les
plus anciennes traces de pratiques à mains nues relatées à Shaolin apparaîssent
dans un ouvrage nommé « Transmission secrète des points d’acupunctures du
combat mains nues de Xuanji » (Xuanji mishou xuedao Quanjue) écrit par un
certain Zhang Ming’E.
Dans ce manuscrit, il est donc fait mention d’un certain
moine Xuanji (qui fut un moine instructeur en chef du temple ayant vécu au 17ème
siècle et dont le nom est toujours présent sur une stèle visible au temple).
Les boxes répertoriées comme étant pratiquées au temple sont celles qui
suivent : boxe courte de la famille Yue (Yuejia Duanda), boxe des 8
immortels ivres (Zui Ba Xian), Miquan (ancêtre du style Mizongquan).
Le
second manuscrit décrivant des boxes pratiquées à Shaolin date de 1784. Il
s’agit du « Classique de la boxe, collection de techniques de boxes »
(Quanjing Quanfa Bei Yao) de Cao Huandou. Cet ouvrage contient exactement les
mêmes boxes que son prédécesseur, exception faite de l’ajout de « La Boxe
Fleur de Prunier » (Mei Hua Quan).
Il apparaît que ces deux manuels furent écrits sur la base d’un seul et
même manuel datant de la période transitionnelle Ming/Qing.
Voici
quelque chose d’intéressant. Le manuscrit le plus ancien décrivant la boxe de
la fleur du prunier est appelé « Introduction à la pratique
martiale » (Xiwu Xu). Il fut écrit par un expert militaire du Henan nommé
Yang Bing en 1742. Alors que les deux manuscrits de Shaolin partagent les mêmes
styles, le second uniquement compte la boxe de la fleur du prunier. Entre les
deux manuscrits, la boxe est née et fut décrite par un militaire. Voici ici un
très bon exemple d’une boxe non originaire du temple, qui y fut introduite par
des visiteurs extérieurs.
Il
existe un troisième ouvrage, le "Shaolin Zongfa", considéré par
certains comme étant une référence pendant longtemps, mais que nous ne devrions
pas prendre au sérieux car écrit sous l'ère républicaine. Il y est décrit une
boxe des 5 formes "le Shaolin Wuxing Quan". Dans les ouvrages
précédents, aucune boxe de cette appellation n'est mentionnée.
Sous
la dynastie Qing, les boxes de Shaolin se sont répandues dans les campagnes,
des familles martiales ont continué de les pratiquer et les enseigner. Si nous
cherchons bien dans les villages du Henan, il est encore plausible selon moi,
de trouver des pratiques ayant un lien réel avec le temple (ce qui se
pratiquait durant la fin des Qing et l’ère républicaine), bien qu’ici aussi, la
révolution culturelle a indubitablement laissé ses marques.
Pour
finir, dans des temps moins anciens, sous l’ère moderne de la fin des années
70/début des années 80, il semble qu’il y eut des échanges entre des écoles de
village de la province du Henan et les moines de Shaolin, la boxe des uns
enrichissant la boxe des autres.
Selon
le 少林寺武術百科全書 Shàolín Sì Wǔshù Bǎikē Quánshū
“ Encyclopédie de la centaine d’arts martiaux de Shaolin“ compilé par le
moine Shi Deqian en 1992 et considéré comme étant le manuscrit de référence des
pratiques martiales de Shaolin (4 tomes, plus de 4000 pages, 3,8 millions de
caractères...) ; les arts martiaux de Shaolin compteraient, accrochez-vous
bien… : 178 formes à mains nues, 193 formes d’armes, 59 exercices de
combats, 72 compétences diverses (Qi Gong, lutte, attaque des points vitaux,
Tongzi Gung..), total s’élevant à plus de 500 formes et compétences martiales
diverses.
Shàolín Sì Wǔshù Bǎikē Quánshū en 4 tomes |
Les quelques formes connues aujourd'hui comme les boxes Hong, Lohan, Qi xing, Paoquan, Mei hua, Liu he, Rou quan etc… sont des enchaînements provenant de divers styles Shaolin de la fin des Qing, mais le curriculum étant incomplet, les moines ont fait une synthèse qu'ils enseignent dans un programme commun. En réalité, elles proviennent de styles différents, et ces formes ne sont que des bribes de ceux-ci... (je ne m’exprimerai pas ici sur les enchaînements de "Tang Lang" "Tongbei" ou les formes de wushu animalières nouvellement créées et totalement dépourvues de sens commun).
Quoi
qu'il en soit, nous ne connaissons pas réellement l'origine exacte des formes
enseignées de nos jours mais si nous les comparons à celles décrites dans les
ouvrages de la dynastie Ming, nous pouvons nous rendre compte qu’à
l’exception des formes Taizuquan et Meihuaquan, ainsi que le bâton Yin shou,
aucune ne correspondent. Il n’est d'ailleurs ici malheureusement pas possible de définir si
ces noms identiques sont véritablement les mêmes enchaînements que ceux des textes… permettez-moi
d’en douter.
Les apports extérieurs
Vient
la question de savoir si les pratiques de Shaolin étaient historiquement
totalement originaires du temple ou si des apports extérieurs y furent
introduits ?
Dans
l’histoire de la chine, des échanges techniques entre civils et militaires ont
quasiment toujours existés et c’est également le cas de Shaolin comme vous avez
pu le voir. Des techniques de bâton furent introduites au temple par des
généraux tel le Général Yu Dayou.
La
province du Henan fut très prolifique en matière d’arts martiaux. Les boxes de
Shaolin furent influencées par diverses autres boxes extérieures au temple,
comme le Mei Hua Quan et le temple à son tour influença diverses autres boxes
de la région tel que probablement le Xin Yi Ba sur le Xin Yi Quan. N’oublions
tout de même pas que le monastère a vu passer et a formé des pratiquants durant
des siècles.
Conclusion
Le
temple gagna en renommée par la qualité des armées qu’il a su former.
Shaolin,
après avoir été un centre bouddhiste très important, forma des milices qui
furent actives, premièrement dans la défense des environs de la province du
Henan, puis, pour la solde du gouvernement, contre les pirates Japonais. La
pratique bouddhiste s’y est perdue, réapparue, ses moines se sont fourvoyés
dans toutes sortes de débauches au fil de son histoire…
Le
temple, grâce aux événements dans lesquels ses Seng Bing se sont illustrés
jouira d’une réputation flamboyante, ceci même, dans ses longs passages à vide
au fil de son histoire.
L’art
martial de Shaolin ne peut définitivement pas être tracé sans discontinuité
durant ses 1500 ans d’histoire, celui-ci ayant apparu et réapparu au fil du
temps. Le temple fut réputé pour ses techniques de bâton, mais ce n’était pas
les seules armes utilisées par ses moines.
La boxe de Shaolin est relativement
tardive et, est formée de divers apports, tantôt militaires, tantôt civils,
mais Shaolin ne peut pas être réellement crédité d’une boxe créée par ses soins
avant le milieu de la dynastie Qing. La pratique martiale en tant que pratique
de développement personnel rattachée à la foi bouddhiste est elle aussi tardive
et ne commence à apparaître au monastère que durant la toute fin des Ming, avec
l’avènement des pratiques à mains nues.
Aujourd’hui,
avec la réouverture du temple pour des besoins gouvernementaux, l’enseignement
de moines Shaolin aux laïques, des écoles de Kung-fu à l’extérieur du temple ou
dans des temples subsidiaires alentours, les 36000 élèves de l’école voisine de
Tagou rattachée au monastère, des visiteurs extérieurs ayant un attrait majoritairement martial, la débauche de ses moines, ses scandales et la perte d’intérêt
religieux… les choses n’ont finalement
pas beaucoup changé…
Sources à la base de cet article ou lien pour aller plus loin :
En Français :
- José Carmona : « De Shaolin à Wudang » 1999
- Bernard Faure : « Bouddhisme et violence » 2009
- Paul Démièville : « le Bouddhisme et la guerre » 1957
- Shi Nai’An : « Au Bord de L’eau » 1550
En Anglais :
- Ben Judkins : « Chinese Martial Art Study »
- Tory Ellarson : « Tea Serpent »
- Meir Shahar : « Ming Period Evidence Of Shaolin Martial Practice» 2001
- Meir Shahar : « The Shaolin Monastery History Religion and the Chinese Martial Arts » 2008
- Peter A. Lorge : « Chinese Martial Arts » 2012 Stanley Henning : « Chinese Combative Tradition»
- New York Time : Article du 11 septembre 1983
- De Lu Zhouxiang : Politics and Identity in Chinese Martial Arts
- Kai Filipiak : Civil-Military Relations in Chinese History: From Ancient China to the Communist Takeover (Asian States and Empires)
- Melyvn C. Goldstein ‘A Study of the Ldab Ldob‘ Central Asiatic Journal 1964
En Chinois :
- Shi Deqian : The Encyclopedia of Shaolin Martial Arts (少林寺武術百科全書: shaolin si wushu baike quan shu, aka 少林武术大全: shaolin wushu da quan),compilé par le moine Shi Deqian, au Temple de Shaolin 1995
- Tang Hao 唐豪 : Shàolín Wǔdāng kǎo 少林武當考 1930
- Chéng Zōngyóu 程宗猷 : (c. 1621). Exposition of the Original Shaolin Staff Method 少林棍法闡宗 Shàolín Gùnfǎ Chǎnzōng (in Chinese)
- Wu Shu : Record of Arms 17ème siècle
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