Nombreuses sont les personnes
m’avançant que je suis « chanceux » de vivre la vie martiale que je
vie, comme si c’était quelque chose d’inaccessible, de grandiose. Je vais vous
apprendre quelque chose qui va vous surprendre : je l’ai choisi !
Alors malgré que je sois très heureux de l’avoir fait, rassurez vous, ça n’a
jamais été une difficulté dans ce sens, je suis passionné « je
n’aimais, je n’aime et je n’aimerai » (pour reprendre un certain
Cabrel) toujours faire que ça.
C’est donc le genre de discours
auquel je répond généralement, chance oui… Mais ce n’est pas arrivé en mangeant
des chips devant les anges de la télé-réalité ou scoubidou (bien que le second
soit bien plus intéressant que le premier à mon humble avis), il fallait mettre
une dynamique en route. Pour ceux qui se posent la question, le premier périple
(et les trois qui suivirent) je l’ai sué, économisé, fais une saison entière à
la porte d’une boîte de nuit, j’ai pris un billet d’avion pour mon meilleur ami
Long et moi même, et nous voilà parti pour Hong Kong. L’entrainement en Chine,
la découverte d’un style particulier/rare me convenant était un rêve de toujours,
un jour j’ai fais le saut (et oui j’ai des c....., et vous, en avez vous ?)
Ceci étant dis, revenons en au réel intérêt de cet article.
Je reçois régulièrement des messages me
demandant de quelle manière il est possible de partir s’entrainer en Chine,
avec mon maître.
Je vais tenter ici de vous donner
des indications sur le : quoi choisir, avec qui, comment et où.
Il existe en Chine une multitude
de styles, classés en boxes du nord et boxes du sud, vous le savez, je ne
m’éternise pas.
Il existe aussi une multitude de
types de maîtres et d’enseignements. Il vous faut trouver celui qui vous
correspond.
Dans un premier temps, déterminez
si vous préférez travailler du Wushu sportif ou du traditionnel.
Sportif ou traditionnel ?
L’art martial chinois se décline
sous deux formes, sa forme traditionnelle et sa forme sportive. Les deux disciplines
demandent un engagement sérieux, différent, mais tout aussi consciencieux.
wushu traditionnel |
Wushu moderne |
Les qualités athlétiques
nécessaires au travail du Wu shu moderne sont indéniablement de très haut
niveau. Les athlètes doivent s’entrainer aux mêmes gestes sans relâche afin
qu’ils soient les plus clairs, rapides, légers et précis possibles. Les
aptitudes gymniques et acrobatiques sont mises en avant. Ici pas question d’y
chercher un lien direct avec l’art du combat à proprement parlé, il faut
l’envisager comme un art, basé sur des mouvements martiaux.
Le lieu :
Afin de vous y préparer au mieux,
il vous faudra vous rendre dans une université de Wushu. Ces universités sont
présentes dans toutes les grandes villes. Il est possible d’y étudier de plus
ou moins longues périodes. Certaines sont très réputées tels que l’université
de Wushu de Pékin et l’université de Wushu de Shanghai.
Les horaires varient selon les
centres mais ils sont réguliers. Plusieurs heures par jours sont généralement
proposées sur des périodes allant d’une semaine à une année. Le logement y est possible.
Dans le cas de la pratique d’une
boxe traditionnelle
Les styles traditionnels
demandent quand à eux des aptitudes plus axés sur le mental dans son sens le
plus stricte. La résistance à la douleur, le dépassement de la peur de
l’affrontement... Il privilégie le travail des applications avec partenaire, du
moins, il le devrait (il est vrai qu’aujourd’hui en Chine il est sérieusement
délaissé, vous êtes prévenues et ne serez pas surpris). Il est axé sur une
compréhension de la stratégie de combat, sur l’adaptation en relation de la
réaction adverse, la distance, la génération de force.
Avant cela, le travail de la
structure étant primordial, l’entrainement se fait énormément seul en chine,
répétant des mouvants durant des heures, de la base, de la base et de la
base... Ce n’est pas souvent fun et ça demande beaucoup de volonté.
Pour l’anecdote, mon maitre m’a
demandé de travail des coups en pivot par séries… de 500, arrivant à 2000
répétitions dans la même séance.
J’ai eu personnellement des
épisodes de douleurs des membres inférieures réellement intenses, au point de
devoir m’aider de mes mains pour croiser et décroiser mes jambes assis au
restaurant une fois l’entrainement terminé.
Le lieu :
L’enseignement se fait
majoritairement dans les parcs. Quelques fois dans la demeure du maitre et si
vous êtes chanceux ce dernier possède une école. Pour trouver le maitre ou le
style que vous désirez, vous pouvez contacter l’association de kung fu de la
ville. L’association Jing Wu également est présente dans plusieurs villes.
Les horaires et nombres d’heures
d’entrainement dépendent du maitre, là il suffit juste de se taire et de faire
ce qu’il vous demande. Il m’arrivait régulièrement de m’entraîner de 6h à 8h
par jours durant 1 mois, 7/7.
Comme vous pouvez le voir, la
boxe traditionnelle et le Wushu moderne, sportif sont deux jeux très
différents, il faut donc premièrement faire le choix de ce que nous voulons
parmi ces deux catégories.
Le choix du style
En Chine continentale, à
l’inverse de Taïwan et Hong Kong le choix est quasiment illimité. Par contre,
la révolution populaire de Mao à fait des dégâts, les styles ne sont pas
toujours complets, les formes d’armes ont été perdues... Rassurez vous,
contrairement à ce qu’il se dit à Hong Kong, l’art martial est toujours vivant,
il faut juste bien chercher. Marrant d’ailleurs d’écouter les mêmes maitres
critiquer la pratique en Chine continentale, clamant qu’à HK ils ont gardés les
traditions ; pour après s’y rendre et apprendre tel ou tel style, ou
conseiller de s’y déplacer si l’on désire des artefacts et de vieilles
méthodes. Paradoxale n’est ce pas ?
C’est vrai et faux à la fois.
Toute sortes de structures de
corps sont développées, des styles linéaires, d’autres à l’opposé, circulaires,
des coups en balanciers, des boxes compactes, simples et directes, d’autres compliquées
et fleuries...
Pour un résultat optimal, il est
nécessaire de comprendre pour quel type de style nous avons des qualités
naturellement développées. Le sculpteur sur pierre prend bien soins de choisir
sur quel pierre il effectuera son œuvre. Si vous êtes naturellement agiles et
souples, il est peut être plus judicieux de pratiquer un système à base de
coups de pieds. Au contraire, si vous êtes trapus, planté au sol, il sera
préférable de pratiquer un style du sud basé sur le travail de mains et sur
l’ancrage au sol.
Bien entendu, le choix doit
également être basé sur le goût, là
c’est une question vraiment personnelle : que préfère t’on
pratiquer ?
La barrière de la langue
La Chine n’est pas un pays où la
pratique des langues étrangères est bien implantée. Bien entendu, cela évolue
petit à petit, il n’est pas trop difficile de trouver de jeunes chinois parlant
quelques peu anglais pour retrouver son chemin, mais trouver un maitre, d’un
certain âge, parlant l’anglais et étant disposé à enseigner est autre chose. Afin d’accéder à l’apprentissage, le près
requis est de posséder des bases minimums en mandarins. Quelque soit l’endroit
ou vous rendrez, quelque soit le style désiré, que le dialecte du coin soit
majoritaire ou pas, la plupart des chinois vous comprendront et seront capables
de répondre.
Mon expérience fut la suivante,
je suis parti les trois premiers voyages avec mon meilleur ami et frère d’arme
Long, d’origine asiatique, parlant le chinois. Après ces trois séjours, se fut
moi avec moi même, des jours/semaines durant seul avec mon maitre à tenter de
déchiffrer et apprendre ce que je pouvais. Une bonne expérience, apprise dans
la souffrance :)
Maintenant que vous êtes
prévenues, n’attendez plus, j’entends la sonnerie, c’est l’heure de
l’école !
Les différents types de maîtres
Selon que vous choisissiez de
pratiquer du kung-fu traditionnel ou du moderne, vous n’aurez pas affaire aux
mêmes personnes.
D’expérience, je peux affirmer
que les maîtres de tous types sont généralement bien disposés à divulguer leurs
arts. Attention, je parle là de façon très général, certains restent fébriles
voir hermétiques si vous ne partagez pas leur langue ; dans quelques cas
même, leur dialecte. Tant pis pour eux, les jeunes chinois n’étant pas
intéressés par leurs connaissances, leur enseignement disparaîtra.
Les maîtres de boxes
traditionnelles familiales sont difficiles à dénicher. Ils sont peu nombreux et
s’exposent généralement moins que leurs confrères du Wushu moderne.
Armez-vous
de patience.
La pratique en Chine et la zone
géographique
Une fois le choix du style fait,
il faut bien comprendre que vous ne trouverez pas tout, partout. Je ne le dis
jamais assez, la Chine possède une superficie de 17 fois supérieure à celle de
la France. Il vous faudra vous rendre dans la zone géographique de l’origine de
votre style. Pour l’exemple, vous n’apprendrez pas de HungGar à Pékin ou de Cha
Quan à Fujian.
De grandes familles de styles
sont réunis de part leur situation géographique. Au Fujian et Guangdong les
boxes Hakkas, les boxes connues dites « nordiques » dans le Henan, le
Hebei etc...
Plus le style recherché est rare,
plus c’est vrai. Si vous choisissez un
style de village, ce sera sac à dos, vous et votre chance et... bon
courage ! N’oubliez pas tout de même « qu’a coeur vaillant rien
d’impossible ».
L’apprentissage à Hong Kong et
Taïwan
Le choix le plus facile pour ce
qui est des boxes traditionnelles. De nombreux maîtres parlent un anglais
compréhensible. Ils sont généralement disposés à enseigner car un bon nombre en
font le business. Vous trouverez une grande variété de styles, dans leur
expression la plus complète. Hong Kong et Taïwan furent les lieux de fuites de
nombreux maîtres durant la révolution culturelle de Mao dans les années 60. Le
kung-fu y est donc là bas bien répandu, complet et de bonne qualité n’ayant pas
subi les années de répressions.
Bien que le choix soit large, il
reste limité comparé à la Chine continentale.
Ici, c’est un peu le choix de
monsieur tout le monde, la facilité.
Avec mon maitre d'arme Sifu Lai Chun Wah sur le toit de l'école dans le quartier de Sam Shui Po |
L'entrainement se fait au parc, les écoles étant minuscules, collant au problème de place disponible du pays. La spécificité intéressante réside dans l'entrainement sur le toit du building, spécialité Hongkongaise.
Information importante, le coût
de la vie, le logement, est bien plus élevé qu’en Chine, prenez en note selon
votre budget.
La rémunération de l’enseignant
Si le maitre a pignon sur rue,
qu’il enseigne de façon professionnelle il est fortement possible qu’il
pratique un tarif déterminé. Certains maîtres ont bien compris qu’il y avait de
l’argent à gagner avec les étrangers et les prix sont quelques fois
déraisonnables. Pour l’anecdote j’ai eu rencontré un enseignant qui était
maitre de TaijiQuan style Chen lors de notre première rencontre et qui trois
ans après, avec l’arrivée de la mode WingChun en est devenu un maitre lorsque
les occidentaux débarquaient...
Si le maitre est un villageois
modeste, vous lui offrirez un bon repas couplé au « Hong Bao »
l’enveloppe rouge traditionnelle dans laquelle vous disposerez ce que vous
voulez/pouvez.
La réaction d’un bon maitre (dans
mes propres critères) sera le refus, insistez en argumentant que c’est juste
pour qu’il aille se prendre un thé avec sa femme.
Je vous conseil de préférer les
seconds aux premiers...
Voilà qui je l’espère vous
permettra de débroussailler l'épaisse forêt de vos interrogations, doutes et
vous permettra de démarrer sachant vers quoi vous diriger.
Avant de vous rendre dans
l’empire du milieu, faites bien vos choix, sachez ce que vous voulez, ce que
vous ne voulez pas, regardez les sites de vidéo en ligne, ailliez une
connaissance visuelle de ce pourquoi vous partez. Si comme moi, vous savez ce
que vous voulez, mais ne savez pas où le trouver, que vous êtes du genre à
faire les choses à l’instinct, sans réel plan, ce n’est pas la meilleure
méthode, mais le conseil que je peux vous donner et de taper à toute les
portes, de parler au gens une fois sur place, ne pas être timide, je suis
profondément convaincu que « qui cherche finit par trouver », que les
perles du colliers s’enfilent les une à la suite des autres et que chacun à son
propre destin en main, peut être est il écrit... ça a marché pour moi.
Permettez-moi de finir, en vous
donnant un petit conseil à ne jamais oublier.
Quoi que vous choisissiez de
faire, dans n’importe quel domaine, n’écoutez jamais ceux qui vous disent que
ce que vous avez choisi de faire est impossible, trop difficile, irréalisable...
Les incapables retiennent les capables à leur niveau. Les gens qui ont
réussies, les Brad Pit, Obama, Eminem, Bill Gates... Ne vous diront jamais que
les rêves sont irréalisables. La seule chose à respecter c’est que ces choix ne
vous mettent jamais en danger.
Et pour finir vous concernant
directement : ne vous construisez pas vous même votre propre cage. Les
barrières, nous nous les posons souvent nous même, par peur, doute... si vous voulez, juste: faites.
Écrivez votre propre
histoire, vous souhaitant bonne route,
avec force et courage.