Aujourd’hui, pas d’histoire des guerriers anciens, nous
allons faire dans le pragmatique, la réalité (n’en déplaise) de notre monde
moderne.
L ‘analyse de la violence est un sujet que je traite depuis
longtemps. L’intérêt que j’y porte est dû, je le concède, peut être à mon
caractère quelque peu belliqueux. C’est d’ailleurs je pense, une des raisons
qui me poussa à exercer très tôt mon métiers de « videur ». L’adrénaline
ressentie lors d’une altercation était quelque chose que je recherchais abondamment.
En aillant fait l’expérience sur la majeure partie de ma vie,
je l’ai observé, j’ai tenté de l’apprivoisé, de la comprendre… mais surtout, j’en
ai tiré des enseignements et conclusions sur la nature de l’homme et son
rapport à la peur.
J’envisageais un nouvel article sur le sujet depuis
longtemps, et une lecture très intéressante m’a fait faire le pas. Il s’agit d’une
interview de Monsieur Gérard Chaliand, un homme qui à vécu de l’intérieur les
conflits majeurs des 50 dernières décennies. Il y parle du moyen orient, bien
sur... mais également de la guerre du Vietnam, de la stratégie de Mao mais également du constat
qu'il fait de notre société ramollissante... Je me suis retrouvé dans cette
interview des opinons communes avec Monsieur Chaliand.
Je suppose que lorsque nous avons expérimentés la violence,
de façon franche et honnête avec nous même, nous ne pouvons que tomber d’accord
n’est ce pas ?
Vous trouverez donc dans cet article une présentation des différents
types de violences et comportements, des phénomènes psychologiques attenants
ainsi que des clefs pour pouvoir au mieux l’appréhender et y faire face.
Premier constat :
La peur maladive de la violence dans notre société, une anxiété
exacerbé rien qu’à l’idée de devoir la rencontrer et c’est la faute de la
société.
Dans l’interview, Monsieur Chaliand donne d’excellents
exemples :
-
« Shakespeare avait dit que la prospérité et la paix
produisent des couards. Autrement dit, des trouillards. On a vécu une longue
période de paix – très bien, j’en suis très content – mais ça ramollit. »
Ou encore suite à cette question posée :
« Est-ce que cette fascination pour la violence de
Daech, démontrée par son traitement
médiatique, ne renvoie pas au refoulement de la violence que nous
avons opéré ces dernières décennies dans les sociétés européennes ?
-
Il y a de ça, certainement. Mais les sociétés européennes
sont d’une sensiblerie quasi-maladive : on ne peut plus rien supporter. À la
campagne, jadis, égorger un poulet, c’était aussi normal qu’aller faucher le
blé. Aujourd’hui, vous dîtes à un type de n’importe quelle université, « On va manger un poulet mais il faut
l’égorger ». Il vous répondra « Ah non ! Pas moi ! » J’ai vécu
pendant trois mois dans la forêt amazonienne. Toutes les nuits, vous entendez
le cri des bêtes qui se mangent entre elles. Toutes les nuits, les carnivores
chassent et tuent. La nature répond au même rapport de force que nous. Le
monde, ce n’est pas Bambi,
mais on a fini par vendre du Bambi partout.
Il y a des individus pour qui la violence est un concept. Mais la violence, ce
n’est pas un concept. Vous parlez avec des types qui sont passés des bancs de
l’école au fauteuil du bureau, et qui n’ont jamais reçu une claque de leur vie.
Vous pensez qu’ils vont prendre des décisions politiques courageuses ? Je ne le
crois pas. »
A cette merveilleuse explication j’ajoute que nous somme conditionnés
depuis le berceau à réprimer toutes formes de violences, même les plus
légitimes. On nous hôte depuis le départ le DEVOIR de nous défendre lorsque cas
échéant, nous avons à le faire. Dès l’école, lors d’affrontements avec les
camarades, les sanctions sont identiques, à tord ou à raison. Nous sommes
conditionnés, vivant dorénavant dans une société aseptisée ou la nature de l’homme,
n’a pas la moindre place. Je ne fais bien entendu pas l’apologie de la
violence, je cherche par là, à défendre un DROIT fondamentale qu’est celui de
pouvoir se défendre (ainsi que les siens) lorsque la menace se fait sérieuse.
Des différents rapports d’expériences qui me sont fait,
plusieurs comportements reviennent. Selon moi, ils sont toujours liés au
constat cité plus haut. Ceux-ci sont : la peur de représailles, la peur de
faire mal, la peur tout court.
La peur des représailles peut être de deux sortes : les
représailles judiciaires, les représailles physiques.
Les représailles judiciaires :
ici en liens direct avec la société. Pour ceux qui auraient conservé l’instinct
primaire d’utiliser la violence au moment opportun, ici se trouve le garde fou.
La loi est un mal nécessaire certes, nous ne pouvons pas vivre dans un monde ou
s’applique la loi du plus fort. Mais l’effet pervers en est que le seul poussin
à en être étouffé dans l’œuf et celui qui la respecte ! Car comme l’a
constaté un philosophe Grec il y’a de cela III millénaires, « La toile
de la justice n’arrête que les faibles ». Le bon citoyen la
respecte, l’autre… n’en a que faire. Je vous laisse y méditer…
Les représailles physiques :
Le second frein se trouve ici. La majeure partie de la société aspire à vivre
dans un environnement calme, sans soucis. Ce n’est pas le cas du petit voyou
qui vit de larcins. Celui là est habitué aux problèmes de tout type et il vit
avec. Sa limite de la « pression supportable » est supérieure à ceux
de la première catégorie ; question d’expérience. Ici encore, les récits
des expériences d’altercations qui me sont rapportés sont unanimes, « je n’ai
pas passé le cape pour tel ou tel raison », la chute de l’histoire est
toujours chargée de bonnes raisons. En réalité, c’est de la peur dont il s’agit.
Ici encore, à trop réfléchir aux conséquences, nous nous transformons en gentils
petits agneaux, prêts à se faire dévorer. Un moment donné, ravalez vos raisons
et faites ce que vous avez à faire.
La peur de faire mal :
Là c’est intéressant car c’est en liens direct avec l’étouffement de la société
et la peur des représailles judiciaires conjointement liés. Conditionné depuis
l’enfance à ne pas montrer le moindre signe de protestation et réprimer toute
sorte de violence, la peur de faire mal est une expression de la frustration. La gravité ici
se trouve dans la non-proportionnalité de la réponse à une agression. L’adversaire
veut lui vous faire mal, mais vous… non, pas trop… Un combat totalement inégal
qui se solde généralement par une défaite. Je ne le répéterai jamais assez :
perdre dans la rue n’est pas une option envisageable. Nous ne sommes plus dans
la cours d’école du CM2.
La peur : La peur
est due au manque de préparation vis-à-vis de la violence dans notre société
aseptisé. Nous sommes des animaux, avec un cerveau certes, mais des animaux,
avec des individus a tendance dominante et d’autres dominé. Lorsqu’une
situation de nature violente se présente, nous sommes formatés à aller nous plaindre
auprès des instances, déposer des plaintes sur des propos diffamatoires, ou de
caractère à violence verbale... ça en dit long sur notre capacité à nous
défendre par nous même…
Différents types de violences
La violence revêt plusieurs aspects, mais surtout comporte
différents degrés. Il faut bien savoir les distinguer et comprendre qu’ils ne
se gèrent et surtout, ne se vivent pas de la même façon d’un point de vue
psychologique.
L’altercation avec un individu :
C’est un choix, nous voulons nous confronter, lui aussi, c’est un duel de
gladiateur. Accepter ou décliner le combat sont des choix possibles. Nous nous
soumettons, abandonnons ou engageons l’affrontement. Il faut faire le choix,
parfois difficile de déclencher les hostilités, ça à comme bénéfice de donner l’avantage.
C’est un choix difficile car une fois enclenché, nous ne pouvons plus faire
marche arrière, avant cela, si l’autre ne démarre pas, nous avons encore une
chance d’y échapper.
L’agression : Elle est
souvent sournoise, rien de noble et généralement par surprise. C’est la plus
difficile à appréhender. Soit nous avons les bons réflexes, soit…
Le phénomène de groupe : Dans
les banlieues nous avons à faire à des bandes, des groupes d’individus. Des
gens se motivant les uns les autres mais surtout, essayant de montrer au reste
de la meute qu’ils sont eux, de vrais durs. Le problème ici, c’est que la barre
monte de façon exponentielle, les limites sont poussées par la surenchère de
son image dans les yeux de l’autre, conforté avec un sentiment de puissance. N’importe
quel homme peut se faire prendre au piège, les individus mis en cause ne sont
pas toujours de gros durs, croyez moi.
L’illusion de grand méchant loup :
Généralement l’opposant est comme nous.
Quelque fois il revêt un visage hideux, il a un physique supérieur, il le sait
et il s’en sert. A de rares exceptions prêt, il est comme nous, pas plus déterminé
mais il a l’habitude d’aboyer et d’impressionner de ce fait la galerie. Ces
prédateurs cherchent des proies à leur mesure. C’est le cas le plus
majoritaire.
Le vrai dominant : Le
vrai problème est ici. Il veut en découdre, se moque des conséquences et est
déterminé. Son but est de gagner, quoi qu’il en coûte. Ses limites sont bien supérieures
à la moyenne. La majorité des gens connaissent la peur, le malaise, face à une
situation violente. C’est normal, au moins la pression ressentie. Nous ne
sommes pas égaux, ni dans la manière de la ressentir, ni dans la manière de la
gérer. Si vous n’y avez eu affaire que de façon très épisodique, que vous avez
une vie de familiale rangée, un chien et êtes propriétaires d’un petit
pavillon, vous n’aurez pas les mêmes limites que celui qui à été traîné de
foyer en foyer, obligé de voler pour se nourrir... vôtres monde n’est pas le
siens et vos perceptions très différentes. Lors de l’accrochage, les limites
seront différentes, l’un n’a pas grand-chose à perdre et connait déjà les
instances judiciaires, ça ne lui fait pas peur outre mesure, vous, vous avez
tout à perdre. C’est ici que cela devient intéressant. Naturellement, l’un
prend la place d’un dominant, l’autre, automatiquement d’un dominé. Si ce n’est
pas le cas, la seule solution possible c’est le contact direct.
L’escalade de la violence :
La violence ça s’escalade, c’est comme le crime. Un acte qui aurait pu vous choquer
lors de sa première rencontre se banalise par la répétition. Dans mon métier je
l’ai vécu. Lorsque la moyenne française de confrontation physique à l’âge
adulte est de deux fois sur toute la longueur de sa vie, c’est le tarif d’une seule
nuit de travail pour n’importe quel portier de discothèque. Forcément, le
rapport à la violence et la différence d’expérience avec monsieur lambda est
incomparable. Une situation qui ferait frémir la moitié de la population est d’une
banalité désobligeante pour quelqu’un qui la rencontre fréquemment.
Les méthodes pour l’endiguer/les
comportements à adopter
Premièrement, il faut comprendre dans quelle situation nous
nous trouvons, face à quel type de personnalité afin de faire les bons choix. Il
faut comprendre que le respect s’obtient par la peur, c’est malheureux mais
bien réel.
80% des altercations physiques sont évitables. Cela dépend
simplement de l’attitude adoptée.
L’affrontement je le répète est un jeu de dominant/dominé
dans la majeur partie des cas. Si vous ne faites pas front, l’adversaire se sent
en position de dominant et en abuse.
Je vous parlais plus haut des crocodiles, majoritaires en
réalité. De faux dominants. Ca parle fort, ça bombe le torse, ça jure et
menace. Il est relativement facile de mettre un terme définitif au comportement :
s’imposer de façon clair, montrer que nous serons présent jusqu’au bout,
quelque soit l’apparence qu’il revêt ou le nombre d’individus. Sinon la baf !
Elle fait redescendre très vite lorsqu’elle claque bien.
Ces individus sont
habitué à vociférer se faisant passer pour des dominants, mais lorsqu’ils en
croisent un vrai... ou un qui à l’être d’en être un, c’est la débandade. Tout à
coup, ils se font tenir tête ouvertement, stoïquement, et ils n’ont en réalité
pas les ressources physiques pour aller au bout car habituellement ils ne
dépassent pas la phase d’intimidation. Ils ne savent pas combattre, car ils n’en
sont jamais arrivés là avec des clients sérieux. Ils ne sont pas sur d’eux et
vous ne tardez pas à le comprendre. Ça discute, discute…discute... mais il ne
se passe rien. Tout son petit monde est ébranlé, c’est déroutant. J’en ai
croisé des quantités astronomiques…
Lorsque vous croisez un vrai dominant… et que vous ne voulez
pas vous soumettre, pas d’autres choix que d’utiliser la violence. Votre
intention doit être supérieure à la sienne. Que le meilleur gagne. Dans ce cas
précis, celui qui à l’expérience aura un avantage sur l’autre. Encore une fois,
la violence ça s’escalade et Bambi ne mangera pas un tigre.
Pour le reste des cas il faut être vigilant, ne pas rentrer
dans la psychose mais se « méfier sereinement » des comportements qui
vous entourent.
Sur ces conseils, faites attention à vous… mais ne vous
laissez pas faire, car il y’a pire rôle que celui gerbant de bourreau : il
y a celui de victime.